Beate
Inscrit le: 10.10.00 Messages: 49845Carcinome papillaire... 60+ |
Message: (p452310)
Posté le: 15. Juin 2017, 15:40
Merci. Ce message m'a été utile ! dit : Only_Human
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Bonjour,
ta réflexion est tout à fait juste !
Et tu as raison, c'est bien sûr "idéal" de savoir déjà AVANT la chirurgie pourquoi on la fait, et à quoi s'attendre ! Et dans ce cas, aucun regret à avoir !
Mais le problème, c'est que ce n'est pas souvent qu'on connait déjà le diagnostic, avec une certitude suffisante, avant l'opération - dans ton cas, vu qu'il y a à la fois des nodules suspects à l'échographie ET une calcitonine élevée, on SAIT qu'il y a un cancer médullaire (la calcitonine est un marqueur très fiable pour ce type de cancer). Mais le CMT est très rare - et pour les autres types de cancer de la thyroïde, il n'existe PAS (encore) de "marqueur" vraiment fiable, permettant de savoir avec certitude, avant la chirurgie, s'il s'agit d'un cancer ou non.
Il y a bien sûr le résultat de la cytoponction - qui peut être "suspect de malignité" ou "malin", dans ce cas, les risques de cancer papillaire ou vésiculaire sont suffisamment élevés pour opérer sans trop se poser de questions.
Mais le problème, ce sont tous les résultats "indéterminés" (Bethesda 3 et 4), où les cellules ne ressemblent plus tout à fait aux cellules normales, mais pas non plus franchement à des cellules cancéreuses, et où le risque de cancer est relativement faible (mais suffisant pour angoisser les patients).
On fait aussi de plus en plus souvent la recherche de mutations dans le produit de la cytoponction (BRAF etc), mais à l'heure actuelle, on n'a pas encore trouvé de facteur prédictif à 100% exact.
Un article intéressant de la société française d'endocrinologie : Comment gérer les nodules thyroïdiens à cytologie indéterminée ?
On prend donc souvent la décision "par sécurité", lorsqu'un nodule semble un peu suspect à l'échographie, que la cytoponction est douteuse, ou lorsqu'il y a un goitre ou tellement de nodules qu'on ne peut pas tous les ponctionner. Mais on n'a vraiment "certitude", à 100%, qu'une fois la thyroïde enlevée, coupée en tranches d'un mm environ, et analysée au microscope, mm par mm (il arrive aussi qu'on découvre des cancers "fortuitement", alors qu'on ne s'y attendait pas, mais ce sont alors le plus souvent des microcarcinomes).
Ce qui n'est pas acceptable, bien sûr, c'est que des gens (sauf très gros goitre ou très gros nodule, vraiment gênants, où la chirurgie est la seule solution) soient parfois opérés sans examens préalables (aucune échographie vraiment précise, aucune cytoponction ...)
Mais la médecine a tout de même fait pas mal de progrès, ces dernières années : A une époque, on opérait très facilement en cas de nodules, "par sécurité", alors qu'ils étaient bénins dans une grande majorité des cas. Maintenant, entre les améliorations de l'imagerie et de la cytoponction, l'avènement de l'élastographie etc, on affine le diagnostic, on opère moins vite et le pourcentage de cancers est plus élevé (pas parce qu'il y en aurait davantage, mais parce qu'on opère moins de nodules bénins).
Et il faut aussi savoir que tous les cancers de la thyroïde n'ont pas le même degré d'aggressivité, beaucoup de microcarcinomes, découverts par hasard, sont "indolents" et n'auraient vraisemblablement jamais évolué, même en les laissant en place ... or, ce n'est pas toujours si facile que ça de vivre sans thyroïde et avec un traitement à vie, on essaie donc, tout en opérant tous les cancers "à risque", d'éviter tout "surdiagnostic" et "surtraitement" ... équation pas toujours facile !
Ce n'est pas facile pour les médecins non plus, de prendre "la" bonne décision - et c'est bien parce que c'est un sujet très complexe qu'il existe des recommandations officielles, et que celles-ci sont très régulièrement remaniées et mises à jour (voir la FAQ).
A bientôt !
Beate |
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