Beate
Inscrit le: 10.10.00 Messages: 49876Carcinome papillaire... 60+ |
Message: (p551698)
Posté le: 19. Juil 2022, 13:28
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Bonjour,
je pense qu'il ne faut pas immédiatement se fâcher contre un médecin et le traiter de "gourde" juste parce que, en tant que généraliste, il ne connait pas TOUS les traitements de TOUTES les maladies...
Le traitement combiné T4+T3 est utilisé assez peu, et du coup, elle n'a sans doute personne dans sa patientèle, et ne connait pas la particularité qu'à la T3 de baisser ou même d'effondrer la TSH.
Pendant leur formation, les futurs médecins ont TRES peu de cours sur la thyroïde (à peine quelques heures), et ce dont on leur parle le plus, ce sont les risques de l'hyperthyroïdie et du surdosage, notamment pour le coeur et les os. Ce sont des risques réels, qu'il ne faut pas prendre à la légère... or, comme en même temps, ils ont généralement appris que l'examen de première intention, "le plus fiable", celui qu'il faut privilégier, c'est la TSH, et que pour eux, "TSH basse = hyper", on comprend pourquoi ils stressent dès que ce paramètre est loin sous la norme - d'autant plus que l'époque devient de plus en plus "procédurière", et qu'en tant que médecin on a sans doute toujours peur qu'un patient qu'on a mal diagnostiqué ou mal traité puisse porter plainte...
Il faudrait davantage de formation, de sensibilisation...
Le traitement combiné convient à certains patients, un tout petit pourcentage (mais pas à TOUS - chez la majorité, après une période d'adaptation, la conversion T4:T3 fonctionne relativement bien). C'est vraiment à voir au cas par cas, et à suivre de près, pour éviter tout risque de surdosage (pas facile à mesurer, puisque la T3 a une demi-vie très courte).
Vous avez raison, un généraliste peut tout à fait suivre des patients traités pour hypothyroïdie (avec ou sans thyroïde), mais le traitement combiné est tellement peu répandu qu'il faut comprendre pourquoi certains en ont peur (sur ce forum, nous avons un certain nombre de patients sous traitement combiné - mais aussi des patients à qui on a prescrit ce genre de traitement à tort, souvent à des doses totalement inadaptées, et qui ont eu pas mal de problèmes - c'est un traitement qui n'est pas sans risque et qu'il faut bien connaitre pour savoir le prescrire et le surveiller).
Dommage qu'elle n'accepte pas d'en apprendre davantage, avec vous, en vous suivant... mais en même temps, qu'elle veuille s'assurer de ne pas faire d'erreur en vous demandant l'avis d'un endocrinologue, plutôt que de prendre le risque de vous laisser faire de "l'automédication" avec un traitement que, personnellement, elle ne connait pas, juste parce que vous lui dites que cela "vous convient", cela montre qu'elle est consciencieuse, ce n'est pas forcément négatif ?
Je comprends tout à fait votre coup de gueule, mais en même temps, pour avoir déjà vu certains abus (de la part de médecins, mais parfois aussi de la part de patients), j'essaie de comprendre également les motivations du médecin. Pas toujours facile de trouver un terrain d'entente, c'est bien dommage !
S vous pouvez continuer avec votre généraliste habituelle, et si vous êtes suivie de près pour s'assurer qu'il n'y a vraiment pas de problème ni pour le coeur ni pour les os, le plus simple sera sans doute de continuer ainsi.
A bientôt !
Beate (perso, j'ai été sous traitement combiné, Levothyrox + Téatrois, un métabolite de la T3 qui n'existe plus depuis quelques années, pendant 14 ans, et au départ j'en avais vraiment besoin - mais lors d'une rupture de stock j'ai graduellement stoppé le Téatrois et depuis, je vais tout à fait bien sans... cela fait 8 ans, et mon corps semble s'être adapté, les différents organes qui ont besoin de T3 semblent très bien faire la conversion sur place, en fonction des besoins, même si ma T3 sanguine reste relativement basse) |
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Beate
Inscrit le: 10.10.00 Messages: 49876Carcinome papillaire... 60+ |
Message: (p551710)
Posté le: 20. Juil 2022, 13:21
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Bonjour,
je me doutais bien que vous ne lui avez pas lancé "gourde" en face !
Oui, c'est agaçant qu'elle ne vous écoute pas ! Et en effet, si vos endocrinos n'exercent plus, c'est compliqué de vous renvoyer vers eux !
Concernant la TSH, je ne pense pas qu'on puisse dire "sans thyroïde elle ne sert à RIEN" !
Bien sûr, cette thyréostimuline ne pourra plus "stimuler la thyroïde" et n'aura donc plus d'action dans l'organisme - reste que, de manière générale (SAUF exception), c'est un "indicateur" utile pour surveiller le traitement, puisque l'hypophyse continue à fonctionner comme avant, elle augmente le taux de TSH quand on manque d'hormones et elle le baisse quand on en a trop. Et le taux de TSH varie moins, en cours de journée, que celui de T3 et T4 (qui dépendent directement de la distance par rapport à la prise du comprimé), et montre la réaction de l'hypophyse par rapport aux hormones en circulation, c'est donc "généralement" un paramètre très utile pour ajuster et surveiller le traitement.
Par contre, comme indiqué ci-dessus, il faut connaitre les "exceptions" ! Il existe des patients chez qui l'hypophyse ne réagit pas de manière adéquate. Et puis, il y a - comme chez vous - le traitement "combiné"... or, comme la T3, très puissante et d'action très rapide, est généralement prise en une seule fois, et fait effet très rapidement, l'hypophyse a tendance à croire qu'on a "trop" d'hormones et à effondrer la TSH (et n'a pas le temps de la re-augmenter avant l'arrivée de la prochaine "sur-dose" le lendemain).
Et cette exception-là, où la TSH reste basse SANS hyperthyroïdie, et ne peut donc pas être utilisée pour savoir si le dosage est adapté ou non, malheureusement peu de médecins la connaissent...
La T3 n'est pas facile à gérer, car les médicaments disponibles sont très anciens, (pour l'Euthyral) mal équilibrés, et que la T3 agit vite et peu longtemps. L'idéal serait sans doute de disposer d'une T3 "à libération prolongée"... mais pour l'instant ça n'existe pas (et je ne crois pas qu'il y ait des laboratoires intéressés dans son développement, c'est long, compliqué et coûte cher...)
Du coup, les patients concernés doivent se débrouiller comme ils peuvent, en essayant de trouver des médecins qui connaissent (ou qui acceptent de s'informer et d'apprendre)...
Bon courage !
Beate |
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