Agnès (Bordeaux) Cancer Bordeaux |
Message: (p82773)
Posté le: 19. Juin 2006, 19:40
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Coucou tout le monde !
La commission des affaires sociales du Sénat a rendu public le 14 juin 2006 un rapport consacré aux enjeux sanitaires de la politique du médicament. C’est l’affaire du Vioxx (Merck) qui a amené le Sénat à faire cette étude.
Le Sénat préconise, entre autres, un renforcement des financements publics et le développement d’un réseau de délégués de l’assurance-maladie car les délégués médicaux pèsent sur les comportements de prescription.
Il y a un article à ce sujet dans Le Monde (version papier) du 15 juin. Le titre en est
« Médicaments : l’écrasante influence des laboratoires »
Le texte intégral du rapport :
http://www.senat.fr/rap/r05-382/r05-382.html
Extraits :
"La question du financement de l'Afssaps est évoquée de façon récurrente par les rapporteurs de la commission des affaires sociales du Sénat qui estiment que le mode de financement retenu n'est pas de nature à assurer l'indépendance de l'agence. Cette opinion est partagée par d'autres institutions ; la Cour des comptes, dans son rapport de septembre 2004 sur la sécurité sociale, faisait ainsi également part de ses interrogations sur les effets que le mode de financement de l'agence pouvait entraîner sur son fonctionnement.
Rappelons que l'agence, dont le budget total pour 2006 s'élève à 92 millions d'euros, est principalement financée par des redevances, requalifiées en taxes par le Conseil d'Etat, acquittées par l'industrie pharmaceutique.
[...] Pour 2006, la subvention de l'Etat à l'agence, ventilée entre les actions « veille, surveillance, expertise et alerte », « production et mise en oeuvre de règles, de recommandations, de décisions et autres dispositifs » et « information et formation » du programme de sécurité sanitaire élaboré dans le cadre des nouvelles règles de présentation prévues par la Lolf, s'élève à 16,4 millions d'euros, contre 18,9 millions d'euros en 2005, soit environ 20 % du budget de l'agence.
Depuis la création de l'Afssaps en 1999, les taxes, droits et redevances représentent au moins 50 % des recettes de fonctionnement de l'agence. Cette part est en augmentation constante depuis et représente aujourd'hui presque 80 % des recettes de l'agence.
[…]L'enseignement de la pharmacologie a subi, en effet une diminution continue du nombre d'heures qui y sont consacrées dans la scolarité des étudiants en médecine : plus de cent cinquante dans les années 1940, moins de cent trente heures vingt ans plus tard, environ quatre-vingts heures aujourd'hui, soit le temps d'apprentissage le plus court d'Europe.
En outre, cet enseignement est dispensé trop tôt dans le cursus universitaire, à un moment où les étudiants n'ont pas encore été en contact avec des patients, ce qui le rend très théorique.
Par ailleurs, il passe sous silence des catégories entières de médicaments comme les sérums, les vaccins, les désinfectants, les antidotes et les antiparasitaires et seules trois heures de formation sont consacrées aux antibiotiques.
[…]En outre, les étudiants sont soumis très tôt à l'influence des laboratoires tant dans le cadre de l'hôpital, via les fiches posologiques largement diffusées ou la présélection de médicaments par la pharmacie de l'établissement qui connaît souvent des pressions commerciales fortes, que par le rôle des professeurs d'université leaders d'opinion, qui influencent de facto les futurs choix thérapeutiques de leurs élèves. A cet égard, il serait souhaitable que l'enseignement en thérapeutique se fasse à deux voix : celle du professeur et celle du praticien, afin de répondre aux exigences du progrès scientifique mais aussi de la réalité du terrain.
Par ailleurs, la FMI (Formation médicale initiale) ne s'attache pas suffisamment à donner aux étudiants une culture d'évaluation de leur propre formation, pourtant indispensable pour les sensibiliser aux enjeux de la FMC (Formation médicale continue), et à leur apprendre à gérer la relation avec les patients.
Enfin, il paraît souhaitable, à tout le moins, qu'une évaluation systématique des connaissances des étudiants en matière de médicament soit organisée à la fin de leur cursus.
Les médecins doivent gérer un nombre considérable d'informations, puisque près de 3.000 médicaments différents sont aujourd'hui disponibles en pharmacie et que chaque médecin est amené à prescrire environ cinq cents produits à sa patientèle. Il est donc essentiel qu'ils soient régulièrement informés des évolutions thérapeutiques dans leur domaine d'activité.
A cet effet, la FMC constitue une obligation depuis les ordonnances de 1996 portant réforme du système de santé. Les médecins doivent donc prendre leur temps de formation sur leur temps de travail et ne sont pas rémunérés en conséquence, sauf dans le cadre des actions proposées par l'assurance maladie.
Aux termes de cette réglementation, la proportion des médecins qui demeurent exclus du système de formation devrait être quasi inexistante. Pourtant, l'Igas évalue à un médecin libéral sur cinq seulement le taux de participation à des actions organisées par des organismes de formation, pour un total de 84.000 journées de formation en 2004. Dans les établissements de santé, le temps consacré à la formation et la proportion de médecins concernés serait cependant supérieurs.
[…]L'absence quasi totale d'indépendance de la FMC est notamment visible en matière de financement, qui provient actuellement à 98 % de l'industrie pharmaceutique. De fait, le manque de moyens financiers des pouvoirs publics constitue un obstacle majeur à l'émergence d'une FMC indépendante et transparente.
La seule exception concerne les formations financées par l'assurance maladie, qui ne profitent qu'à 15.000 praticiens chaque année, soit une part mineure des 180.000 prescripteurs recensés".
Amicalement |
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Beate
Inscrit le: 10.10.00 Messages: 50432Carcinome papillaire... 60+ |
Message: (p82799)
Posté le: 19. Juin 2006, 21:39
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Coucou Agnès,
merci pour cet article très instructif ! Et tu as raison, c'est un sujet très sérieux, et ça fait peur ... le budget de l'AFSSAPS, par rapport à celui des labos pharmaceutiques, ce sont des clopinettes, et la quasi-totalité de la formation des médecins (sans parler du financement des projets de recherche etc) est financée par l'industrie, donc on peut bien sûr se poser énormement de questions sur l'impartialité ...
Ca reprend un peu le sujet posté par Enid, l'autre jour :
Pourquoi les médecins doivent retourner à l'école ...
On se sent parfois tout petits et impuissants, hein ? Mais bon, on ne va pas se laisser démoraliser pour autant !!!
Gros bisou !
Beate |
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