Luciana Cancer papillaire Montréal |
Message: (p182273)
Posté le: 28. Déc 2008, 16:18
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Article paru le Lundi 22 Décembre 2008
Citation: | L´iode radioactif pour maladie de Basedow augmente le risque d´aggravation de l´ophtalmopathie
Acharya SH et al. Radioiodine therapy (RAI) for Graves´disease (GD) and the effect on ophtalmopathy : a systematic review. Clin Endocrinol 2008 ; 69 : 943-950. Tanda ML et al. Relation between Graves´orbitopathy and radioiodine therapy for hyperthyroidism : facts and unsolved questions. Clin Endocrinol 2008 ; 69 : 845-847.
Pr Philippe Chanson
Le traitement par l´iode radioactif est largement utilisé dans le traitement de la maladie de Basedow depuis plus de 60 ans. Le lien entre un traitement par l´iode radioactif et le développement ou l´aggravation d´une ophtalmopathie basedowienne reste discuté. Plusieurs études rétrospective ont rapporté une association alors que d´autres n´ont pas trouvé de lien.
Ceci a donc conduit une équipe écossaise à effectuer une étude de revue systématique de la littérature afin de se faire une idée plus claire du sujet. Toutes les études randomisées contrôlées où le traitement par l´iode radioactif pour une maladie de Basedow était comparé au traitement par antithyroïdiens de synthèse ou par chirurgie ont été revues. Les auteurs ont aussi évalué l´efficacité de la corticothérapie glucocorticoïdes dans la prévention de la survenue ou de la progression de l´ophtalmopathie lorsqu´était utilisé de l´iode radioactif. Dix études randomisées, contrôlées impliquant 1 136 patients ont permis 13 comparaisons. L´iode radioactif était associé à une augmentation du risque d´ophtalmopathie en comparaison du traitement par antithyroïdien de synthèse (ATS) (risque relatif = 4.23, IC 93 % 2.04-8.77) mais en comparaison de la thyroïdectomie il n´y avait pas d´augmentation statistiquement significative du risque (RR = 1.59, IC 95 % 0.89-2.81). Le risque d´ophtalmopathie basedowienne sévère était aussi augmenté avec le traitement par l´iode radio-ctif en comparaison du traitement par ATS (RR = 4.35, IC 1.28-14.73).
La prophylaxie par prednisolone en cas d´iode radioactif était très efficace dans la prévention de la progression de l´ophtalmopathie basedowienne chez les patients qui avaient déjà une ophtalmopathie basedowienne (RR = 0.03, IC 95 % 0.00-0.24). L´utilisation d´ATS avec l´iode radioactif n´était pas associée à un bénéfice significatif sur l´évolution de l´ophtalmopathie basediwienne.
En conclusion, l´iode radioactif en cas de maladie de Basedow est associé à une augmentation faible mais significative du risque de développer ou d´aggraver une ophtalmopathie basedowienne en comparaison du traitement par ATS. Une corticothérapie de prophylaxie est bénéfique chez les patients ayant une ophtalmopathie préexistante. |
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Beate
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Message: (p182285)
Posté le: 28. Déc 2008, 18:04
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Bonjour Francine,
merci d'avoir mis l'article !
C'est quelque chose que je dis souvent dans le forum, quand des personnes atteintes de Basedow se demandent s'il vaut mieux choisir l'iode 131 ou la chirurgie : avec l'iode, le risque de provoquer ou d'aggraver l'exophtalmie est plus important, et donc, si on a DEJA une exophtalmie préexistante, mieux vaut choisir la chirurgie. Dans le cas où l'on choisit malgré tout l'iode, il est important d'être bien accompagné, et d'avoir un traitement à la cortisone (puissant antiinflammatoire) pour minimiser les risques oculaires.
Cela s'explique, cette aggravation de l'exophtalmie : l'iode 131 provoque une inflammation, puis une très lente destruction du tissu thyroïdien, qui prendra plusieurs mois. Et pendant ce temps, les anticorps antithyroïdiens vont d'abord AUGMENTER, avant de baisser très lentement ... et donc, risquent d'en profiter pour s'attaquer davantage à leur deuxième "cible" potentielle, les muscles et tissus situés derrière les yeux, provoquant leur inflammation et épaississement, ce qui donne ces "yeux saillants".
L'opération, elle, enlève la "cible", la thyroïde, d'un seul coup - les anticorps ne sont pas stimulés par l'inflammation de la glande, et n'augmentent pas, puis commencent à baisser assez rapidement.
Au dernier congrès international en Grèce, en septembre 2008, j'ai assisté à un exposé là-dessus, qui comparaissait l'évolution des anticorps après un traitement aux ATS, une opération et un traitement à l'iode 131 (notamment en prévision d'une future grossesse), exposé repris récemment lors d'un congrès à Paris, en novembre.
Voici la photo du tableau présenté :
http://nsm01.casimages.com/img/2008/12/21//mini_081221083943276042902451.jpg
On voit clairement qu'après un traitement à l'iode (courbe rouge), les anticorps font tout d'abord un "pic" ... et ne descendent ensuite que très lentement. Ils sont parfois encore détectables 5 ans après le traitement, alors qu'après un traitement par ATS ("Medication") ou une thyroïdectomie ("Surgery"), ils deviennent généralement rapidement indétectables, environ 18 mois ...
Ce sont donc deux arguments qui peuvent plaider pour la chirurgie (quand le traitement aux antithyroïdiens de synthèse n'est pas suffisant, ne marche pas où qu'on a récidivé), plutôt que pour l'iode 131 :
- la présence d'une exophtalmie
- un projet de grossesse dans les années à venir (pour ne prendre aucun risque de transmettre des anticorps à l'enfant)
A bientôt !
Beate |
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