Beate
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Message: (p50292)
Posté le: 03. Jan 2006, 10:35
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Bonjour les filles !
Je pense que vous êtes tombées au bon endroit pour vous renseigner ! Car nous sommes très très nombreux ici à avoir fait une cure d'iode !
Pour avoir des témoignages sur la cure, vous pouvez regarder la toute nouvelle Enquête tout en haut de cette rubrique.
Et pour le principe de fonctionnement, c'est relativement simple : la thyroide a besoin d'iode pour fonctionner (elle l'utilise pour fabriquer les hormones thyroidiennes : la T4 ou lévothyroxine contient 4 atomes d'iode, la T3 ou liothyronine en contient trois). Cet iode doit être fourni par l'alimentation (si on consomme trop peu d'iode, la thyroide a du mal à fabriquer suffisamment d'hormones et se met à grossir pour y arriver quand-même, ca s'appele un goitre - et si cela dure trop longtemps, elle peut dégénérer en nodules, qui à leur tour peuvent dégénérer en cancer).
Dans l'organisme, il n'y a QUE la thyroide qui a besoin d'iode (et, un tout petit peu, les glandes salivaires, pour désinfecter la salive). Et donc, si pour une raison ou une autre, on veut DETRUIRE la thyroide ou ce qu'il en reste (après une opération où l'on a découvert un cancer, ou quand elle est hyperactive et produit trop d'hormones, c.a.d. qu'on est en hyperthyroidie, ou quand on a des "nodules chauds" qui produisent trop d'hormones), on donne de l'iode radioactif (iode 131), dans une gelule à avaler ou par injection. Il sera absorbé par la thyroide (ou le tissu thyroidien restant) comme l'iode normal, mais il provoquera l'inflammation et la déstruction des cellules. Et cela fonctionne partout où il y a des cellules thyroidiennes : le tissu résiduel dans le cou, mais aussi les éventuelles métastases (poumons, os).
C'est d'ailleurs pour cela qu'on appèle les cancers de la thyroide qui absorbent l'iode (la majeure partie des papillaires et vésiculaires, qui sont les plus fréquents - il n'y a que les médullaires et les anaplasiques, très rares, où cela ne fonctionne pas) des cancers "différenciées", parce que les cellules sont DIFFERENTES des autres cellules, et qu'on peut donc les détruire de manière sélective, sans léser les autres cellules de l'organisme.
En plus de cette action, cette radioactivité (quand il s'agit d'un traitement pour cancer) permet aussi de VISUALISER toutes les cellules qui l'ont absorbée : lors de la scintigraphie corps entier, réalisée à la fin de la cure, on voit toutes les zones où l'iode est allée se fixer.
Concernant les effets secondaires, on ne ressens quasiment pas l'action de l'iode (parfois un peu comme une angine, à cause de l'inflammation, surtout s'il reste beaucoup de tissu) - ce qui est pénible dans une "cure d'iode", c'est que pour que les cellules absorbent bien l'iode, il faut qu'elles soient stimulées par la TSH ("thyroid stimulating hormone"), et pour la faire augmenter, on doit rester plusieurs semaines sans hormones de substitution. On est alors en hypothyroidie et très fatigué. Depuis quelques années, il existe aussi un médicament qui permet d'obtenir cette stimulation SANS hypothyroidie, le Thyrogen : c'est de la "TSH recombinante" qu'on injecte. C'est surtout utilisé pour les scintigraphies de contrôle ultérieures (six mois à un an après la cure, avec une dose de radioactivité moins forte, pour voir s'il reste des cellules iodofixantes ou si tout à été brûlé), mais depuis l'automne dernier, c'est également autorisé pour les cures. Problème : c'est très cher (1000 Euros le traitement), alors que l'arrêt des hormones ne coûte "que" la fatigue du patient - et puis, on n'a pas encore beaucoup de recul, les médecins sont donc encore un peu hésitants à l'employer, préférant les méthodes "éprouvées".
A oui, autre particularité du traitement à l'iode : l'isolation ! Comme, après l'absorption de la gelule radioactive, on dégage un (faible) rayonnement, et qu'on élimine aussi beaucoup de radioactivité par les urines et les selles et la sueur, on doit rester environ 3 jours dans une "chambre plombée" en médecine nucléaire. Ca n'a rien à voir avec une chambre stérile, c'est juste qu'il y a normalement une feuille de plomb à l'intérieur des murs, plafonds, portes etc pour ne pas laisser les rayons, et surtout, qu'on doit rester confiné dans la chambre et que le personnel vient nous voir très rarement et se tient à distance (la radioactivité décroit de moitié par mètre de distance). On n'a le droit de sortir que quand le rayonnement est en-dessous d'un seuil minimum, avec la consigne de se ténir éloigné des femmes enceintes et des petits enfants (car la radioactivité pourrait endommager la thyroide en pleine croissance des bébés).
Voilà, vous savez tout (ou presque) ... faudra travailler aussi un peu ! Tenez-nous au courant des notes que vous obtiendrez pour ce TPE !
Beate |
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