Jean-Philippe |
Message: (p78500)
Posté le: 20. Mai 2006, 16:44
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Comme prévu par les instances médicales, j’arrive donc vers 15H00 ce mardi, très détendu (forum et préparation soigneuse préalable oblige) au grand hopital parisien (je ne sais pas si les noms sont de mise sur ce forum, je ne les citerais donc pas, du moins en public) que j’ai choisi.
Après les formalités d’admission d’usage on m’aiguille (ouille déjà) vers une chambre et là, première surprise, surpopulation aidant,elle n’est pas individelle comme je l’avais demandé.
La première déception passée, je constate cependant qu’elle est très confortable, bien aérée et pourvu d’un vaste lit électrique qui n’est pas sans me rappeler (grand voyageur oblige) les fauteuils de première des compagnies aériennes par ses capacités de réglage.
La TV et le téléphone sont aussi présents mais là deuxième surprise, pas de table de chevet, elles sont en réparation. Ach c’est la kerre Monzieur….Bah, On fera sans avec une chaise.
Le principal est que le chirurgien choisi soit au rendez vous demain. On m’assure que oui.
La charmante infirmière me détaille le menu (pas celui des repas malheureusement, vous verrez pourquoi plus tard) des réjouissances et me remet une petite fiole d’onguent magique à base de bave de crapaud qui doit….mais non, je m’égare il s’agit de chlorhexidine moussante dont je dois consommer (extérieurement) la moitié à la douche (au bout du couloir à gauche en sortant) de ce soir et l’autre moitié à la douche de demain matin sans en mettre sur la tête et les yeux il parait que ça décape dur ! J’ai également droit à 2 bouteilles d’eau et 1 verre.
Sur ce, mon voisin arrive et s’installe et nous apprenons que je passe en 3 mais lui en 1 (pour une autre opération puisque nous sommes en chirurgie générale).
Bien sûr, à jeun strict à partir de minuit.
Une heure plus tard, le temps de se poser et la grasse-ieuse infirmière revient pour prise de température et tension artérielle et remise d’un formulaire cartonné à remplir : allergies, antécédents, autorisation de trancher et bla, bla….
Encore une demi heure et un aide soignant coloré et aimable vient oh horreur ! raser mon admirable poitrail velu (« le haut seulement s’il vous plait monsieur, les dames ne s’en remettraient pas ! » « mais ça (r)eupousse monsieur ! »).
Voila une chose au moins à laquelle vous échapperez Mmes et Mlles, je ressemble un derrière de baboin à moitié pelé (pour le torse uniquement bien sûr !).
Après 2 bonnes heures de lecture consciencieuse de l’Express et des méandres de l’affaire clearstream et le déchiffrage de la partition du nocturne opus 9 n°2 de F Chopin, le repas s’annonce (on dîne tôt dans les hostos !)
Une chose est sûre, les inspecteurs du Michelin n’y viendront jamais !
Les larmes me montent aux yeux en contemplant le plateau et son étiquette menu. Tout est sans sel !
Mais… il y a un sachet de sel dans le plateau, je bondis, il s’agit forcement d’une erreur, je me disais aussi. Effectivement on m’en rapporte un nouveau encore plus triste que le précédent : carottes Vichy, omelette œuf en poudre fromage blanc et fraises au sucre…..
Je me force à avaler quelques bouchées en prévision d’un long jeune lorsque l’on entre.
Bonheur, c’est mon chirurgien qui vient me saluer (à 19H30 quand même après une dure journée de travail je salue le geste) et m’assurer que j’aurais une chambre seul le lendemain (il est vrai que je suis en clientèle privée mais quand même).
A 20H00 douche décapante.
A 20H30 dodo, je plonge dans un sommeil sans rêve grâce à un oreiller tout neuf en gel très confortable et à mes boules Quies car la chambre est près de l’accueil et on entend clairement les multiples bips, sonneries et cris des infirmières dans le service (on se demande parfois si elles savent que les malades sont sensés être au calme, mais il est vrai que leur boulot n’est pas facile, on les pardonne). Fin de la première partie.
Le lendemain, la porte est ouverte d’un coup et la lumière allumée à 5H45.
Evidemment ce la ne me concerne pas sauf que ça me réveille !
Mon cothurne parti je replonge jusqu’à 7H30.
-7H30, prise de température et TA
-8H15 on m’amène une tenue d’opération en papier bleu (à enfiler à l’envers) un gant de toilette en papier bleu un tapis de sol en papier, un bonnet élastique en paier, un drap vers en guise de serviette et des chaussons en plastique bleu élastiques( sans devant,derrière)
-8H30 direction la douche (oui je sais au bout du couloir à gauche en sortant)
-8H45 avez-vous déjà essayé de nouer dans le dos une blouse en papier dans laquelle vous vous enfilez nu et encore un peu mouillé, dans une douche de 1m2 et demi sans mettre les pieds en dehors du tapis de 50cm, c’est digne d’une preuve de Fort Boyard.
-9H00 retour à la chambre avec les chaussons sac poubelle, mise du bonnet, on range toutes ses affaires dans le placard fermé à clé (les vols !) et on se glisse dans les draps, je dois ressembler à Mamie Nova, manque le chaperon rouge....
-9H30 on m’apporte un comprimé d’Atarax (antihistaminique relaxant) je ne suis pas tendu mais je le prends avec mon dernier cachet de béta bloquant et une minuscule gorgée d’eau
on m’enduit aussi les dos de chaque mains avec un peitit tube de crème blanche recouvert par un mince plastique transparent adhésif. Un anéthésique local pour préparer la perfusion
-10H00,10H30,11H00, rien, nada, nothing
ne pas oublier le dernier petit tour aux toilettes au cas ou….Oups trop tard
-11H15 la porte s’ouvre, un infirmier dynamique vient me chercher pour le bloc
nous dévalons les couloirs dans mon 12 roulettes turbo compressé avec dérapage dans les virages…. Un fan de F1 surement.
Ascenceur, étage -1 (vous avez remarqué, le blocs sont toujours au sous-sol, pourquoi ?)
On arrive dans la « gare de triage » une grande salle ciculaire ou les lits sont en étoiles et évacués au fur et à mesure.
J’ai 2 compagnons d’attente et j’entends et vois dans un brouillard (je suis myope et les lunettes sont restées en haut) les infirmières entrer et sortir des salles d’opération (il y en a au moins 4 ou 5) en discutant, les aides soignants déconnent avec les lits vides et discutent aussi très fort de leur dernier scooter ou CD, il préparent la table de transfert de mon voisin, il en a pour 7H00! d’intervention et il faut mettre un tapis de gel pour éviter les escarres.
Au bout d’environ ½ heure une figure flou (toujours pas de lunettes) et masquée s’approche,
Bonjour, je suis l’infirmière anesthésiste c’est à vous -diable juste au moment ou j’allais demander le pistolet (pas pour me tirer une balle hein, c’est la petite bouteille en plastique pour….mais bon)
Les aides soignants me changent de lit pour me mettre sur une table à roulette beaucoup plus dure et étroite et sans gel car l'opération ne dure que 2H00 environ.
Elle est poussée dans une petite pièce bourrée d’électronique et l’infirmière me fait la perfusion, « j’espère ne pas la rater » dit elle, moi aussi, une longue aiguille est enfoncée dans la veine du dessus de la main, recouverte d’un adhésif et connecté à un petit tuyai et au sac de liquide.
Grâce à l’anésthésie locale je n’ai absolument rien senti.
Une autre tête se penche sur moi, bonjour Mr x je suis votre anesthésiste je vous ai vu en consultation la semaine dernière, je veux bien mais avec le masque, autant reconnaître Zorrro.
On va vous injecter le produit (hypnotique Diprivan, Morphinique Sufentanil, Curare Tracrium et Hologéné Sévorane je le saurais plus tard bien sûr par le compte rendu d’anesthésie remis à la sortie)
Pendant ce temps une autre infirmière vue à l’envers (magnifiques yeux verts ma foi !) m’applique un masque avec un ballonnet (oxygène), sensation bizarre d’air froid
Une autre me ficelle les bras le long du corps et met en place 2 appuis-cuisses qui tiennent les jambes style momie quoi.
Intense sensation de chaleur et d’engourdissement dans le bras qui a la perfusion
La table est roulée dans une petite salle d’opération, l’intervention semble relever plus de la micro chirurgie que des grandes opération du style Slaughter (pour ceux ou celles qui ont lu ses bouquins)
Il doit être 12H15, Je distingue bien les scialythiques (les lampes) au dessus de moi et l'armoire de l'anestésiste…….et puis plus rien
Salle de réveil 14H30 :
« Monsieur, » on m’appelle par mon nom, j’ouvre péniblement les yeux, j’ai la bouche pâteuse, les lèvres sèches et la tête qui tourne si je la bouge mais juste une légère gêne au niveau du cou et des difficultés à avaler.
La salle est archi pleine, une antillaise (à l’accent) demande qu’on la sorte de là et qu’elle voit des mouches.
On me demande de classer le niveau de douleur entre 0 et 10, je dis 3 et me rendors
On me réveille fréquemment pour s’enquérir du niveau de douleur, il passe à 4, on me rajoute une morphine.
Ballet autour de ma voisine dont la tension est basse à leur gout, elle a été opérée du ventre.
Allez encore une morphine pour la route et je remonte avec mes sacs de liquides, serum et perfalgan.
Je serais resté 2H30 en salle de réveil.
Je retrouve une nouvelle chambre individuelle je n’ai pas (trop) mal au cou derrière et devant seulement quand j’avale. La tête tourne un peu. Je prends un peu d’eau et replonge à dormir jusqu’au repas.
Je mange de bon appétit un plateau de purée, compote fromage blanc et me rendors à 20H00 pour une nuit entrecoupée toutes les 2 heures par les infirmières qui changent les produits de perfusion.
-Levé 6H00, petit déjeuner biscottes à 8H00 et premier cachet de levo à 100ug, prise de sang à 10H00 pour vérifier la calcémie
-A 12H00 on me dit qu’elle est un peu basse mais je n’ai pas de fourmillements dans les extrémités donc pas de traitement.
-Je commence à me lever, la cicatrice fait environ 12cm à la base du cou, bien centrée
Elle est tenue par 15 agrafes qui sont prises en pincant la peau de part et d’autre et non pas piquées dedans (un peu comme des pinces à papier mais en tout petit.)
N’empêche que ça ressemble à une fermeture éclair, je vais pouvoir faire un casting pour la famille Adams….
Visite du chirurgien, tout va bien mais je garde la perf
-16H00, j’obtient qu’on me bouchonne la perf, je peux me lever plus facilement
On me retire toutes les agrafes remplacée par des strip verticaux sauf 4.
-19H00 re-passage du chirurgien, je sors le lendemain si la calcémie est >2 (donc 3 jours pleins en tout en comptant le jour d’entrée)
- Redodo, levé 5H40 pour une prise de sang/calcémie
- à 10H00 la calcémie est bonne à 2.2, le chirurgien est un as (c’est le chef de service et il a de la bouteille), il a retiré toute la thyroide et le gros nodule tout à fait bénin, sans abimer les glandes para thyroides et j’ai oublié de dire que ma voix est aussi parfaite.
On me retire la perf et les 4 agrafes restantes remplacée par des strips verticaux à retirer dans 5 jours et je reprends un levo dosé à 75ug
Je prends environ 4 à 5 di-antalvic par jour en cachet pour ne pas laisser des douleur s’installer car la nuque surtout commence à tirer.
A 13H00 je règle les dernières formalités (15j d’arrêt) et rentre chez moi pour une bonne douche et une sieste bien méritée couché à 20H30.
Aujourd’hui, réveil en forme à 8H30, la nuque est nettement mieux, la gorge aussi, le levo est dosé en plaquette marquée par jour, c'est pratique, j’ai l’impression de prendre la pilule !
Bref un sans faute mâme si je suis encore fatigué et dors beaucoup.
J’espère que ce récit contribuera à dédramatiser la situation pour toutes celles et ceux obligés d’y passer.
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Jean-Philippe |
Message: (p79029)
Posté le: 24. Mai 2006, 09:33
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Bonjour et merci de votre soutien et de vos réponses au récit de mon opération qui s'est déroulée à l'hopital St Louis à Paris rue Claude Vellefaux et a été faite en patient privé par le Pr XXX (Chef de service de chirurgie générale et endocrinienne) vous trouverez vous même le nom, qui a été plus que super du point de vue humain et professionnel.
J'ai bien eu le rapport d'anesthésie (effectivement utile en cas de nouvelle), ce qui m'a permis de constater qu'il y a quand même bien une curarisation, mais pas celui d'opération ni l'analyse du nodule (heureusement bénin sans doute suite extemporanée dixit le chirurgien). Ils seront normalement envoyés au médecin référent et au traitant (mon endocrino que je reverrais sous To+4semaines après une analyse de TSH)
Effectivement, je compte demander une rallonge d'arrêt en temps et en heure car le retour en forme est quand même pénible.
Dans les premiers jours et après l'arrêt du Diantalvic de 4 à 1 puis 0 les douleurs cervicales sont apparues avec des débuts de contractures latérales dans le cou qui donnent des maux de tête assez pénibles, surtout la nuit.Il faut un oreiller qui pousse la tête en avant et trouver sa position au millimètre
J'ai rendez vous avec mon ostéo aujourd'hui et il va régler cela.
Les déglutitions sont difficiles au début de même que les baillements, mettre la tête en arrière et la mastication.
Côté corporel, je ressents bien une modification de mon métabolisme.
Le matin je dors jusqu'à 8H00/9H00 (7H00 avant) prends le lévo et ma douche bien chaude (pour le cou c'est excellent) puis petit déjeuner 8/9H30, gymnastique 15' et piano ou lecture jusqu'à midi.
Mais une position assise prolongée déclenche des maux de tête.
Après le déjeuner (léger) et les repas en général, sieste quasi obligatoire (moi qui n'en faisait jamais) d'1 heure environ
Je constate donc un impact sur la fonction digestive type somnolence post prandiale.
Jusqu'à 17H00 OK mais après black out, je tiens péniblement jusqu'à 20H30 et au lit et pour dormir! pas pour lire moi qui ne me couchait jamais avant 23/24H00!.
Il y a aussi parfois des bouffées de chaleur curieuses que je n'avais jamais eu. Je suppose que le corps doit s'habituer à réguler tout sur la base de la quantité unique de lévo que je prends le matin au lieu de le produire au fur et à mesure des besoins.
Le caractère en prends aussi un coup est il me semble être plus agressif et irritable mais ça se calme avec les douleurs qui diminuent, les maux de tête impactent particulièrement sur le psycho.
Côté poids, j'avais perdu 3 à 4 kg depuis le début de mon hyper en janvier là j'ai repris 5 à 6Kg! je suis donc largement 2 à 3 Kg au dessus de mon poids de forme......régime en vue. Pourtant je n'ai pas l'impression de manger plus?
Hier, après une douche bien chaude, j'ai retiré les strips placés après l'enlèvement des agrafes donc à T0+7jours
La cicatrice est très fine rosée mais la zone (pas la cicatrice) est encore assez gonflée et légèrement dure mais douloureuse au touché surtout du côté droit (puisque je n'avais pratiquement pas de lobe gauche) et je suis revenu sur le site voir les conseils pour le massage mais je crois qu'il est trop tôt.
Il reste encore les marques de passage de l'aiguille (ou des agrafes?) quelques points rouges en haut et en bas.
Ceci dit chaque jour apporte son amélioration, c'est sûr, aujourd'hui je me suis levé plus tôt (11H00 de sommeil quand même) et je déglutis bien mais je crois que je fais une angine car j'ai la gorge rouge avec des points blancs sur une amygdale, allergie oblige par ces temps de pollen. je traite ça à la Clarytine (c'est compatible avec le levo) on verra comment ça évolue.
La TA est stable à 12/8 et le pouls est rapassé de 100/110 en hyper et 55 sous béta à 66 en moyenne maintenant sans arythmie (dixit mon tensiomètre Omron super petite boite automatique).
Je vais donc essayer aussi de remettre la musculature en route : marche et muscu que je ne faisais plus depuis plusieurs mois pour ne pas solliciter le coeur sous bétabloquants. Ca devrait ausi régler le problème de poids.....
Ha ! ne pas oublier de boire au moins 2 l par jour pour évacuer les toxines.
A bientôt à toutes et à tous et encore merci de votre soutien. |
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