Agnès (Bordeaux) Cancer Bordeaux |
Message: (p7984)
Posté le: 15. Oct 2004, 11:45
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Bonjour à tou(te)s les hypo ...et aux autres
"CONDUITE A TENIR DEVANT UNE HYPOTHYROÏDIE FRUSTE" :
c’est le titre d’un article paru dans le « concours médical » du 3 mars 2004.
Résumé et extraits :
L’hypothyroïdie fruste (ou infraclinique) est définie par une élévation isolée de la TSH (entre 4 et 10 mU/l) avec T4L normales. Il est indispensable de confirmer la valeur de la TSH par un second dosage.
Toutes les études concordent sur l’augmentation de la prévalence avec l’âge et sur la large sur-représentation féminine. Cette prévalence est bien supérieure à celle de l’hypothyroïdie avérée. Environ 2,6 à 4,3% de personnes évoluent, par an, vers une hypothyroïdie avérée.
Il est difficile, sur la seule valeur de la TSH comprise entre 4 et 10, d’affirmer l’existence d’un hypo-fonctionnement thyroïdien parce que les symptômes de l’hypothyroïdie ne sont pas spécifiques et qu’il n’y a pas de « marqueurs » fiables de l’imprégnation tissulaire en hormones thyroïdiennes.
LES COMPLICATIONS :
- Hypercholestérolémie.
Le LDL-cholestérol semble augmenté dans l’hypothyroïdie fruste avec une corrélation nette entre l’élévation de la TSH et celle du LDL (une augmentation de 1 de la TSH est associée à une augmentation de cholestérol de 0,09mmol/l chez la femme et de 0,06 chez l’homme).
Pour autant, le traitement par thyroxine ne permet une diminution significative du cholestérol que pour les valeurs de cholestérol et de TSH élevées.
- Fonction cardio-vasculaire.
En particulier : signes traduisant une dysfonction diastolique, augmentation des résistances vasculaires périphériques, altération de la vasodilatation endothélium-dépendante.
Souvent normalisation avec le traitement.
- Autres manifestations cliniques.
La prévalence des signes classiques d’hypothyroïdie est plus élevée en cas d’hypothyroïdie fruste (étude faite dans le Colorado) : sécheresse cutanée, troubles mnésiques, bradypsychie, fatigabilité musculaire, asthénie, frilosité, constipation…
L’EVOLUTION :
La positivité des anticorps anti TPO est le principal facteur prédictif d’évolution vers une hypo avérée (2,6% par an en l’absence d’anticorps mais 4,3 % en leur présence = étude de Whickam). Tenir compte également du degré d’élévation de la TSH à l’intérieur de la fourchette 4-10.
CONDUITE A TENIR :
1. TSH > 4mU/l :
Contrôle sur un nouveau prélèvement
Vérifier la normalité des T4L
Rechercher les anti TPO
2. TSH > 10 (en dehors des diagnostics différentiels . cf ci-dessous) :
Traitement substitutif.
3. 4 <TSH< 10 :
- si T4L basse :
Hypo probable (sauf contexte de maladies non thyroïdiennes graves) => traitement substitutif.
- si T4L normale, anti TPO positifs :
Hypo fruste
Si symptômes cf dyslipidémie, troubles des fonctions supérieures, facteur de risque cardio-vasculaire => traitement substitutif.
En l’absence de ces symptômes et en fonction des souhaits du patient => surveillance avec TSH tous les 6 mois pendant 2 ans, puis une fois par an si stable.
- si T4L normale, anti TPO négatifs :
Evoquer les diagnostics différentiels (cf ci-dessous)
Surveillance = TSH tous les 6 mois pendant 2 ans puis une fois par an si stable
Si symptômes évocateurs, un traitement d’épreuve peut être discuté.
DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS (= causes d’élévation de la TSH en dehors d’une hypo primaire) :
- Elévation persistante :
Adénome thyréotrope (exceptionnel)
Syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes
Mutation du récepteur de la TSH
Insuffisance rénale chronique
Interférence de dosage (anticorps hétérophile)
- Elévation transitoire :
Phase de récupération d’une maladie grave non thyroïdienne ou d’une thyroïdite subaiguë
Mise en route d’un traitement par amiodarone
Traitement au lithium
Intoxication aux thiocyanates.
Il n’y a pas de proportionnalité entre le niveau de la TSH et la posologie de thyroxine nécessaire. Sauf pb cardiaque, envisager une dose initiale de 25 à 50 µg par jour avec contrôle de TSH 6 à 8 semaines plus tard afin d’obtenir une TSH entre 1 et 2,5 en évitant tout surdosage.
Si les anti TPO sont négatifs, on peut également, outre les diagnostics différentiels, évoquer un sujet normal « hors limites ». Différer alors le traitement jusqu’à ce que la TSH augmente de manière plus franche.
PS : Thyroïdie frusTE et non frusTRE, ce qui n’a pas du tout le même sens !
Amicalement. |
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