Beate
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Posté le: 09. Jan 2014, 15:19
Merci. Ce message m'a été utile ! ont dit : Alex1, MAlhache, Espérance1, fafa34, AniK et 7 autres utilisateurs
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Bonjour,
"Dois-je changer de traitement, essayer autre chose ?" est une question recurrente, or il n'y avait pas encore de véritable article dans notre Foire aux Questions - je vais donc essayer de résumer les conseils que nous donnons habituellement sur le forum.
La plupart des personnes en hypothyroïdie, ou opérées, prennent de la lévothyroxine sodique (T4) – en France, le Levothyrox® ou la lévothyroxine générique de Biogaran, en Belgique la L-Thyroxine® ou l’Euthyrox®, au Canada le Synthroid® …
Et chez l’immense majorité des patients, après un temps d’adaptation plus ou moins long (après une thyroidectomie, il faut généralement quelques mois), il suffit de prendre uniquement de la T4 (même si la thyroide, elle, tant qu'elle fonctionne bien, fabrique aussi un peu de T3, environ 20% des besoins, directement) : l’organisme transforme continuellement une partie de cette T4, qui est une « prohormone », sorte de réserve, en T3, l’hormone vraiment active, en fonction des besoins (et il s'adapte - auparavant, tant que la thyroide fonctionnait correctement, environ 80% de la T3 provenaient de la conversion de la T4 par désiodase, ensuite ce sont 100%).
Mais chez certains patients, cette conversion (qui s’effectue surtout dans le foie, mais aussi un peu dans le cerveau et dans les muscles) se fait moins bien – même « bien dosés », avec une TSH relativement basse et T4 relativement haute, « proches de l’hyper », ils gardent des symptômes d’hypothyroïdie, et si on analyse la T3, on constate qu’elle est tout en bas de la norme.
Si les moyens « naturels » pour améliorer la conversion (plantes « détoxifiantes » pour le foie, p.ex. des ampoules combinant Desmodium, chardon-marie, radis-noir, artichaut, pissenlit …, disponibles en parapharmacie ou en magasin bio, et compléments riches en sélénium), pris en cure de 20 jours, ne suffisent pas, il peut alors être utile de baisser un peu l’apport de T4 et d’apporter un petit peu de T3 directement. Pour cela, en France il existe soit le Cynomel® (T3 seule) – appelé Cytomel® au Canada - soit l’Euthyral® (qui combine T4 et T3), qui s’appelle Novothyral® en Allemagne et en Suisse.
L'Euthyral® est un médicament très ancien, pas très bien dosé, car "trop dosé" en T3 (à l'époque, suite à des essais sur des rats, on pensait que ce dosage convenait, mais les rats ont apparemment besoin de plus de T3 que nous ...) : le rapport T4:T3 est de 5:1, alors que chez quelqu'un en bonne santé, avec une thyroïde qui fonctionne bien, il est plutôt de 10:1 à 12:1.
Le plus souvent, 5 à 10 µg de T3 sont tout à fait suffisants pour obtenir un bon équilibre et une TSH suffisamment basse, tout en gardant la T3 et T4 bien dans la norme, et le patient en bonne santé. Vu que ce dosage n’existe pas tout prêt, il faut alors « combiner » : 1/4 ou 1/2 Euthyral, combiné au Levothyrox (on peut p.ex. obtenir 10 µg de T3 et 100 ou 125 µg de T4 en combinant ½ Euthyral et 50 ou 75 µg de Levothyrox).
Le problème avec l’Euthyral est qu’en modifiant son dosage, on agit à chaque fois à la fois sur la T3 et sur la T4 (et qu’il faut donc re-ajuster également le dosage du Levothyrox pris pour compléter).
Il est souvent plus simple de combiner T4 et T3 séparemment, en combinant Levothyrox et Cynomel. 1 comprimé de Cynomel fait 25 µg, on prendra donc p.ex. ¼ ou ½ comprimé (6,25 ou 12,5 µg), combiné à p.ex. 100 ou 125 µg de Levothyrox.
Deux choses sont importantes avec la T3 :
Elle est très puissante (1 µg de T3 agit comme au moins 3 ou 4 fois ce dosage de T4) et, surtout, agit et s’élimine très rapidement (quelques heures – contre plusieurs semaines pour le Levothyrox), il faut être très prudent, pour éviter le surdosage (risque d’hyperthyroïdie, avec problèmes cardiaques etc) :
1) Toujours l’introduire TRES progressivement, commencer avec un tout petit dosage, p.ex. ¼ d’Euthyral ou ¼ de Cynomel (et non un comprimé entier d’Euthyral, comme on le voit parfois dans les prescriptions)
2) Si possible, ne pas prendre la T3 en une seule fois, mais la repartir sur la journée, en au moins 2 (si possible 3) prises, p.ex. le matin et à midi.
La T3 n’a pas besoin d’être prise à jeun (mais la T4, oui) – on pourra p.ex. prendre la moitié de la dose le matin, avec le Levothyrox, 20 à 30 min avant le petit déjeuner, et l’autre moitié à midi, 20 à 30 min avant le déjeuner (ou, si on le prend en 3 fois, matin/midi/milieu d’après-midi), pour avoir un apport moins fort (et donc moins boostant), mais mieux reparti sur la durée.
L’apport de T3 a tendance à faire baisser la TSH, parfois fortement – sous traitement combiné, il est important de ne pas se fier aveuglement à la TSH (qui peut faire craindre un surdosage), mais de vérifier également la T3 et T4 libres, et le ressenti du patient.
Depuis 2012, il existe une toute première « guideline » pour le traitement combiné, élaborée par une équipe danoise et présentée lors du congrès international de l’European Thyroid Association : http://www.karger.com/Article/Pdf/339444
Voir la discussion (et traduction partielle) sur le forum : Message
Beate |
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Beate
Inscrit le: 10.10.00 Messages: 50593Carcinome papillaire... 60+ |
Message: (p508968)
Posté le: 30. Mai 2019, 10:48
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Après un cancer considéré à risque élevé de récidive, ou non encore guéri, il est généralement nécessaire de garder la TSH très basse, "freinée", afin d'éviter toute stimulation des cellules cancéreuses encore présentes.
Et certains patients supportent mal les doses de lévothyroxine, souvent très élevées, nécessaires pour obtenir une TSH suffisamment basse, sous 0,1.
Dans ce cas, il peut être utile de baisser un peu l'apport de T4 (pour obtenir un taux de T4 dans la norme), et d'y ajouter un peu de T3 (Cynomel) ou de TA3 (Téatrois), qui ont pour propriété de particulièrement bien freiner la TSH (effet qui fait souvent "peur" aux médecins chez les patients qui n'ont pas eu de cancer, et leur fait craindre un surdosage - mais qui, après un cancer, peut être très utile !)
C'est une suggestion qu'on peut faire à ses médecins, s'ils insistent sur l'importance de garder la TSH freinée, et qu'on supporte mal l'hyperthyroïdie imposée - en ajustant très progressivement, en baissant la T4 petit à petit et en introduisant la T3 (après quelques jours d'attente, le temps d'éliminer le surplus de T4) très prudemment, en commençant avec 1/4 ou 1/2 Cynomel ou 1/2 Téatrois.
Je viens de tomber sur une étude italienne intéressante, qui a justement regardé l'utilité de l'ajout de T3 pour faire baisser la TSH chez les patients après un cancer différencié de la thyroïde - eux ont utilisé une forme liquide de T3, fabriquée par IBSA en Suisse, qui n'existe pas en France (je vais me renseigner à ce sujet, car cela pourrait être intéressant de disposer d'une telle formule, plus facile à doser !)
Article que vous pourrez montrer à vos médecins si vous êtes dans cette situation !
https://www.jstage.jst.go.jp/article/endocrj/63/6/63_EJ16-0040/_pdf/-char/en
"Liquid liothyronine to obtain target TSH in differentiated thyroid cancer patients" (Pierpaolo Trimboli, Marco Centanni, Camilla Virili), EJ 2016 Volume 63 Issue 6 Pages 563-567, https://doi.org/10.1507/endocrj.EJ16-0040 |
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