Réactions de votre entourage par rapport à votre maladie ??

[Ella91]

Ah oui, c'est vrai ce que tu dis Francine, pas mal de gens ont une réazction humaine, normale qui est : "ca pourrait m'arriver à moi"...du coup ils veulent savoir absolument s'il y a des signes avant-coureurs, si on peut sentir soi-même quelque chose etc...

[Ella91]

Bon à part ça, il y a du changement...il revient...traverse un genre de crise existentielle que j'ai décidé de ne pas prendre en charge et je le laisse lui-même explorer ça.
Il souhaite également m'accompagner lui-même à l'hopital.
A noter que c'est arrivé après que je lui envoyé une lettre de rupture (hier), non agressive et non insultante mais qui lui disait quand même ses quatre vérités. Ca m'a déchirée d'écrire cette lettre mais je ne trouvais pas d'issue. Et puis, faut pas pousser mémé dans les orties non plus.
La lettre aura eu au moins le mérite d'ouvrir le dialogue et pour l'instant nous n'evisageons plus la rupture.

C'est tout de même plus confortable à vivre (gérer une rupture + un cancer en même temps, bonjour l'épreuve) mais pour le reste et l'avenir de notre relation à long terme, je deviens philosophe : une chose à la fois. C'est étrange de voir comme la maladie vous fait revoir vos priorités et ce qui est essentiel à vos yeux...aurait-elle le pouvoir de nous rendre "plus sages" ?

Bises,


Ella

[bernard171106]

Un seul mot : Bravo !!

Une lettre, un mail, une engueulade. Grand bonheur, on met les pieds dans le plat et on continue.

La priorité c'est gérer la bataille contre la maladie. Il faut arrêter de se dire qu'on va faire du mal à l'autre si on lui dit ce qu'on pense ou qu'on voudrait qu'il fasse. L'autre n'est peut-être pas sur la même longueur d'onde au même moment et n'a pas compris ou simplement pas vu les signaux d'alarme. Halte aux évidences. On pose et expose le problème et on gagne un temps fou.

Ton homme a changé d'avis, il a compris que tu étais plus importante pour lui que son confort, avec des peaux de saucisson sur les yeux ! Ouf, un pas en avant !

Il a gagné un sursis... Il repart pour une période d'essai

Mais va falloir qu'il assure maintenant ...

Stop, les hostilités. On a un objectif : la guérison, on s'y tient !!

Bonne semaine à tous

[Linette]

Ella, un mot d'ordre : LA SANTE !!!!! pour l'instant...

[la chauve-souris]

Salut Ella,
J'ai sursauté à la lecture de ton inventaire de réactions tellement j'ai eu l'impression de me lire... (question des enfants mise à part, car je n'en ai pas...)
Aprés plus de 10 ans de "couple" et 1 an et demi de traitement, j'ai pris la décision de me séparer de mon compagnon...avec l'impression désagréable d'avoir à acter une décision qui n'était pas la mienne... Plus clairement, il a pas eu le courage de me quitter donc il s'est arrangé pour que je "craque" et que JE prenne la décision...
Cela ne m'amène pas à généraliser quoique ce soit sur les hommes mais je pense que là s'expriment des clivages de genre au sujet du rapport à la mort et en terme de capacité à communiquer...
J'ai été très longtemps en colère contre lui car j'avais l'impression (et ce n'était pas qu'une impression) que j'avais fait tout ce qu'il fallait pour éviter de lui faire porter mon problème: bonne humeur relative, pas de lamentations excessives, des initiatives pour faire des trucs à 2, aucune exigence de présence de ma part... J'ai joué au bon petit soldat mais j'ai quand même eu à gérer sa "peur" (de quoi...?)
J'ai une amie atteinte d'un cancer du col de l'utérus et qui a fait une récidive 1 an plus tard: son 1er petit ami l'a quittée à l'annonce du cancer, son 2ème petit ami l'a quittée à l'annonce de la récidive... Rassurant !!?
A l'inverse, je pense qu' aprés cette expérience (maladie + séparation) on acquiert une maturité affective qu'on avait pas forcément avant... Le meilleur est donc à venir...

[Ella91]

la chauve-souris a écrit:

Salut Ella, J'ai sursauté à la lecture de ton inventaire de réactions tellement j'ai eu l'impression de me lire... (question des enfants mise à part, car je n'en ai pas...) Aprés plus de 10 ans de "couple" et 1 an et demi de traitement, j'ai pris la décision de me séparer de mon compagnon...avec l'impression désagréable d'avoir à acter une décision qui n'était pas la mienne... Plus clairement, il a pas eu le courage de me quitter donc il s'est arrangé pour que je "craque" et que JE prenne la décision... Cela ne m'amène pas à généraliser quoique ce soit sur les hommes mais je pense que là s'expriment des clivages de genre au sujet du rapport à la mort et en terme de capacité à communiquer... J'ai été très longtemps en colère contre lui car j'avais l'impression (et ce n'était pas qu'une impression) que j'avais fait tout ce qu'il fallait pour éviter de lui faire porter mon problème: bonne humeur relative, pas de lamentations excessives, des initiatives pour faire des trucs à 2, aucune exigence de présence de ma part... J'ai joué au bon petit soldat mais j'ai quand même eu à gérer sa "peur" (de quoi...?) J'ai une amie atteinte d'un cancer du col de l'utérus et qui a fait une récidive 1 an plus tard: son 1er petit ami l'a quittée à l'annonce du cancer, son 2ème petit ami l'a quittée à l'annonce de la récidive... Rassurant !!? A l'inverse, je pense qu' aprés cette expérience (maladie + séparation) on acquiert une maturité affective qu'on avait pas forcément avant... Le meilleur est donc à venir...

Bonjour Chauve-souris,



Merci pour ton témoignage.


J'avoue que je ne comprends pas tout dans ce type de réactions....


Surtout que le cancer de la thyroïde est un des cancers qui se guérissent le mieux : 100% de guérison quand c'est pris à temps et bien soigné. Donc je ne comprends pas.

Je te dirai d'ailleurs que moi-même qui suis directement concernée, je n'ai pas vraiment peur...bien sûr je sais que passer sur le billard ce n'est pas une partie de plaisir, bien sûr je sais que ce n'est pas anodin non plus ce qu'on a, mais je n'ai pas peur, j'ai très confiance. a la limite je vais avoir peur de choses qui n'ont pas à voir avec la mort, comme par exemple : vais-je prendre des kilos non maitrisables ? Est-ce que je serai assez en forme quand même pour m'occuper correctement de mes enfants après ? A tort ou à raison, je ne sais, je suis persuadée que je passerai à travers ça et que tout se passera bien, même si c'est une épreuve sur le coup.

Donc, il ya un avenir, et même pas un avenir lointain en plus..;alors pourquoi de telles réactions ?

J'ai plusieurs pistes :


D'abord nous sommes dans une société qui occulte énormément la mort et la souffrance...ce type de choses est sensé se passer loin (en hopital, en maison de retraite etc), à l'abri des regards...je crois que pas mal de nos contemporains ont perdu l'habitude de cotoyer cela comme étant un phénomène naturel susceptible d'arriver à chacun.

Ensuite, il se peut, pourquoi pas, que les femmes soient effectivement plus à l'aise avec cela (Cf le descriptif de Béate à ce sujet).


Enfin je pense qu'il y a peut-être effectivement des hommes (et aussi des femmes selon Patrick) qui prennent leur conjoint pour une sorte de mère(père) tout(e) puissant(e) et ne supportent pas de la voir fragile car cela les renvoit à leur propre fragilité (fragilité qu'ils ont toujours soigneusement occultée). Des colosses aux pieds d'argile en quelque sorte...

Bon, je verrai bien en ce qui me concerne mais en tout cas je considère aussi une bonne fois pour toutes que si ça arrivait, ce serait son pblme et pas le mien car moi aussi je ne suis pas spécialement dans la plainte, comme toi. On verra.

En attendant, j'ai un frère qui vient de m'offrir un super MP4 pour que je puisse écouter de la musique à l'hopital : c'est gentil tout plein .

Le compagnon de ma mère l'a accompagnée et aidée durant son cancer du sein (dont elle est guérie depuis)..;donc franchement il y a effectivement de tout en la matière.

Mais tout de même, ça interroge tout ce que tu dis...

Bises,


Ella



PS : Je me demande si pendant ma convalescence, je ne vais pas me procurer (et lire) des livres, classiques du genre, type : "les hommes préfèrent les chieuses", "le syndrome de Peter Pan" ou autre...cette maladie aura au moins eu le mérite de me faire prendre conscience que je suis une (trop) bonne poire !

Dernière édition par Ella91 le 17. Nov 2008, 15:51; édité 2 fois

[Ella91]

bernard171106 a écrit:

Un seul mot : Bravo !! Une lettre, un mail, une engueulade. Grand bonheur, on met les pieds dans le plat et on continue. La priorité c'est gérer la bataille contre la maladie. Il faut arrêter de se dire qu'on va faire du mal à l'autre si on lui dit ce qu'on pense ou qu'on voudrait qu'il fasse. L'autre n'est peut-être pas sur la même longueur d'onde au même moment et n'a pas compris ou simplement pas vu les signaux d'alarme. Halte aux évidences. On pose et expose le problème et on gagne un temps fou. Ton homme a changé d'avis, il a compris que tu étais plus importante pour lui que son confort, avec des peaux de saucisson sur les yeux ! Ouf, un pas en avant ! Il a gagné un sursis... Il repart pour une période d'essai Mais va falloir qu'il assure maintenant ... Stop, les hostilités. On a un objectif : la guérison, on s'y tient !! Bonne semaine à tous

Ah Bernard, ja'ime bien la façon punchy et enjouée que tu as de t'exprimer et aussi d'aller à l'essentiel..;décidément tu me donnes la pêche .

Bonne semaine à toi aussi,


Ella

[bernard171106]

Coucou Ella,

Content que mon message te donne la pêche.

Demain, c'est toi qui boosteras les autres !!

Ce forum m'a aidé quand j'en avais vraiment besoin et que j'étais persuadé que je n'y arriverais jamais. J'ai reçu l'aide écrite que je n''attendais (ou n'espérais) pas et une attention désintéressée de personnes ayant les mêmes préoccupations que moi, mais qui n'attendaient rien en retour.
J'ai pu remonter la pente et je profite actuellement de la vie bien plus qu'avant.
Les embrouilles à 2 balles sont derrière moi, les "je veux qu'on m'aime alors je fais au dessus de mes moyens physiques pour plaire", c'est du passé. Je fais ce qui me fait plaisir (j'adôôôôre booster les gens et faire plaisir à ceux que j'aime) et tant pis pour les grincheux.

Je rentre d'un voyage à l'étranger fatiguant, je manque de sommeil, mais après un WE de calme (enfin si mes gamins m'en laissent l'occasion ) tout devrait rentrer dans l'ordre...

Alors une seule idée à développer : BON Week End !!

[shannon]

coucou Ella,Bernard,Chauve-souris,je suis la discussion de près;me sens très concernée;
et c est bien que Bernard soit par là pour remettre les pendules à l heure et nous donner son avis d homme;

moi ça fait 4 ans que j essaie de croire à une relation;
mais là encore,au moment où je traverse des épreuves familiales,je suis seule;tout à coup,il a plein de trucs à faire;et dit carrément "moi je veux vivre,et je ne veux pas entendre parler du malheur"
évidemment,moi je tombe des nues,car je ne suis pas du genre du tout à peser avec mes pbs,et je sais largement épauler,écouter,conseiller,et j aime la vie,les ptits bonheurs,les projets simples et chaleureux;je crois même l avoir relevé souvent de sa dépression chronique;

je crois pas que c est l annonce de la maladie qui les fait fuir;
mais plùutôt notre disponibilité qui s amenuise;
nous ne sommes plus le "bon" miroir,on dérange;

ça fait vachement peur leur dérobade,car on se sent à chaque fois lâchée de partout;
....et même par le leurre d un amour,leurre qu en temps normal nous savions entretenir et embellir.....

la chauve-souris,va chercher un ptit bouquin intitulé "l amour,la solitude" d André Comte Sponville;
ou "le choc amoureux" d alberoni;
des petits chefs-d oeuvre d apprentissage à mieux s aimer soi-même,à se choisir.
je t embrasse

[wynnie]

Bonjour Shannon
il y a des gens à qui la maladie et le malheur font tellement peur qu'ils sont capables de fuir ou du moins de se mettre en retrait.
j'ai l'exemple personnel de ma mère qui ne supporte pas ça.
elle n'a pas soutenu ses amis de longue date atteints de grave maladie. elle ne rend pas visite à sa soeur de 84 ans qui a 2 bras abimés par des chutes. Quand mon mari a passé un pied sous la tondeuse en tondant chez elle et qu'il s'est fracturé un orteil, elle n'a pas voulu que je lui donne des nouvelles 2 jours après car "je remuais le couteau dans la plaie"!!!!
Quand mon père as été malade elle le lui a reproché... je sais qu'il a été négligent dans son suivi médical pendant un moment mais par la suite il n'a pas choisi ses maladies (diabète et polypes vessie).
certains ont vraiment une défaillance dans la compassion!

Courage Shannon, je te fais de très gros bisous! j'aurais vraiment aimé pouvoir te rencontrer demain mais je suis sure que ça ne sera que partie remise!

[shannon]

merci ma petite wynnie;
je te suis sur le forum;
j espère que ta fille ça va....?
je t embrasse

[wynnie]

merci Shanon! oui ma fifille va pas trop mal. il était question qu'elle essaye d'augmenter de 25 à 37.5, elle voulait appeler le médecin avant, je sais pas si elle l'a fait. elle est dans sa recherche d'emploi.
Bonne journée de rencontre!
bises à tous!

[Ella91]

Hello,


A propos des personnes qui réagissent "mal", je me rends compte aussi qu'il y a beaucoup de peurs derrière...d'abord on n'est pas tous égaux de ce côté là, pour commencer. certains ont très peur de tout ce qui est "maladie, hopital, sang, mort etc...", il y a même des phobiques de ça. C'est plutôt un signe de fragilité qu'autre chose...c'est une dimension d'eux-même qu'ils ne sont jamais allés voir (leur propre fragilité) et finalement c'est ça que les confronte la maladie de l'autre.

Je pars du principe qui est : "la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a"...nous avons tous des limites, nos limites qui nous sont propres.
Evidemment quand c'est le conjoint, un parent proche c'est embêtant pour le malade. Et là soit la personne en question arrive à transcender sa peur parce qu'elle aime...soit elle n'y arrive pas et là le malade peut lui aussi avoir ses limites : accepter, ne pas accepter ça...
Mais en tout cas une chose est sûre pour moi, quelque soit la personne de mon entourage à qui ça peut arriver, je cesserai de prendre ça pour moi...c'est son histoire à lui (elle), pas la mienne...

Et il y a assez de personnes qui n'ont pas cette problématique pour se tourner vers ces personnes...


Mon ami semble avoir entendu ce qui se passe, il est revenu et veut même carrément aller me voir à l'hopital pendant cette période maintenant (ce que je souhaitais pas particulièrement par contre). Il a arrêté de me couper la parole quand je souhaitais en parler et m'écoute à ce sujet. Mais de mon côté, je préfère avoir fait cette prise de conscience là, je ne veux pas me solidariser avec ces états d'âmes à ce sujet. ca le regarde quelque part et je n'y suis pour rien.


Maintenant il est vrai qu'accompagner un malade au long cours, prend de l'énergie...personne n'aime cotoyer la douleur, la tristesse ou la fatigue sur une longue période, nous avons tous besoin de zones de joies, de ressourcement et d'épanouissement. mais n'est-ce pas l'amour, l'affection qui fait que par moments dans nos vies nous pouvons nous dépasser...par rapport à nos conditionnements habituels ?

Sans doute un équilibre à trouver.


Bises,


Ella

[Ella91]

Bonjour Shannon,



Je voulais te poser une question qui j'espère ne sera pas par trop indiscrète.

S'il a eu ce type de comportement plus ou moins pendant 4 ans, et que cela de toute évidencete rend malheureuse, qu'est-ce qui a fait que tu ne l'as pas quitté ou ne le quitte pas ?

Bises


Ella

[Davye]

Marrant comme sujet ! On se rend compte que souvent les réactions sont identiques...

Pour ma part :

- milieu professionnel : au début de la maladie, certains en rigolaient ("tu vas pas mettre ça sur un post-it ? C'est pas le temps que tu retournes à ton bureau que tu vas oublier ?")
Maintenant c'est mieux. Une fois que l'on met un nom sur nos problèmes, c'est fou ce que le regard de certains change !!!
De toute façon maintenant je travaille pour moi .

- famille : ça dépend. Certains se renseignent sur la maladie d'autres évitent soigneusement d'en parler.
Autre chose que j'ai remarqué : certains ont l'air de s'en moquer comme de l'an 40 (ma mère par exemple) alors qu'au final ils sont supers inquiets (je l'ai su par une de mes soeurs).

- compagnon : vaste sujet. Là sans être là Je suis un peu méchante là quand même .
Il s'inquiète quand il faut, mais c'est vrai qu'il oublie vite que je suis malade. Bon c'est vrai que j'en parle pas plus que ça et essaye de prendre un maximum sur moi mais quand même...
Exemple: lors de l'attente de mes résultats, il était aussi stressé que moi.
Résultats reçus : ça va. Dans la soirée je lui demande de venir regarder la vidéo de l'émission sur France 5: refus

- amis : je ne vois plus certains (une notamment qui se disait ma meilleure amie). D'autres sont maintenant hyper callés sur le fonctionnement de la thyroïde. Il y a donc eu une bonne redistribution des cartes.

En résumé l'annonce de cette maladie a fait le tri. Je sais qu'avec certains je peux en parler et qu'avec d'autre, il faut éviter le sujet...

Mais ce qui m'a fait bien rire c'est que je suis quelqu'un qui écoutes beaucoup les autres (on m'a surnommé "le bureau des pleurs"). Mais avec certains (une grosse majorité des cas) ça ne va que dans un sens. Donc c'est vrai que maintenant je suis un peu plus égoïste

En résumé: les réactions sont bien variés !!!

Bises et bon courage

Davye