Beate
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Message: (p223797)
Posté le: 02. Nov 2009, 14:03
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Article en provenance du Quotidien du médecin, quotimed.com :
Citation: | Nicolas Sarkozy annonce le plan Cancer II
Un nouvel élan nécessaire
C’est aujourd’hui, à l’occasion d’une visite à l’Institut Paoli-Calmettes de Marseille, que le président de la République Nicolas Sarkozy doit annoncer ses arbitrages à propos du nouveau plan Cancer (2009-2013). Des mesures très attendues et qui devraient donner un nouvel élan à la lutte contre le cancer.
C’EST DONC à Marseille, sur les terres du Pr Dominique Manraninchi, l’actuel président de l’INCA (Institut national du cancer), qui a longtemps dirigé l’institut Paoli-Calmettes (1990-2006) et été le coordonnateur du cancéropôle Provence-Alpes-Côte d’Azur, que Nicolas Sorkozy a choisi de lancer le deuxième plan Cancer. Sept ans après le premier plan de 2003-2007, qui, selon un rapport du Centre d’analyse stratégique (CAS) « peut être considéré comme une "révolution culturelle" dans l’organisation des soins et l’exercice de la médecine », le président, entouré des ministres de la Santé et de la Recherche, devrait réaffirmer la lutte contre le cancer comme une des priorités de son gouvernement.
Le premier plan ne comportait pas moins de 70 mesures réunies en sept axes prioritaires (prévention, dépistage, qualité des soins, accompagnement social, formation, recherche et création d’une structure de coordination des actions de lutte contre le cancer). La mise en place de l’InCA et celle des cancérôpoles, aujourd’hui au nombre de sept, en ont été les deux mesures phares. D’emblée le plan 2003 avait affiché un objectif ambitieux : réduire de 20 % en cinq ans la mortalité par cancer. Un objectif « irréalisable sur cinq ans », a souligné le CAS dans un rapport préparatoire, mais qui devrait probablement être maintenu en raison de sa « portée volontariste ».
Des faiblesses.
Le plan Cancer II devrait maintenir l’ensemble des objectifs du premier tout en tirant les leçons des différentes évaluations réalisées, qui ont mis en exergue certaines carences et faiblesses. Dans son rapport de juin 2008 sur la mise en œuvre et le financement des mesures prévues, la Cour des comptes avait émis des critiques sur la gestion et le pilotage du plan et avait souligné, comme elle l’avait déjà fait en 2007, que les tutelles qui n’avaient pas joué leur rôle. « Ceci pourrait être d’autant plus dommageable au plan Cancer que l’InCA est considéré comme sa mesure phare », notait la Cour. Toutefois, l’avenir de l’Institut ne semble pas menacé, même si son rôle doit être précisé par rapport aux organismes de recherche et aux autres agences. La Cour des comptes soulignait par ailleurs que, dans le cadre cohérent que constitue le plan, « un tiers de ses 70 mesures ont été pleinement concrétisées, un autre tiers l’a été modérément ou inégalement, le dernier tiers n’ayant que peu ou pas du tout été mis en œuvre ». Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) chargé, avec le concours de l’IGAS, d’évaluer l’impact médical et scientifique du plan, a également fait apparaître une évaluation globale plutôt favorable : « Positif mais contrasté », concluait son rapport.
Consolider les acquis.
Les recommandations pour le plan 2009-2014 élaborées par le Pr Jean-Pierre Grünfeld tiennent compte de ces critiques. Remises au Président de la République en février 2009, elles devraient être largement reprises. Elles plaident pour un « nouvel élan » afin de consolider les acquis. Le Pr Grünfeld rappelle que le cancer est devenu en 2004, la première cause de mortalité en France, responsable de plus de 145 000 décès en 2008. Mais « le risque de décéder d’un cancer diminue » et « les progrès de la recherche, des traitements et de la prévention permettent aujourd’hui de guérir en moyenne un cancer sur deux chez les femmes, un peu moins chez les hommes et trois sur quatre chez les enfants ». La France se situe parmi les 8 pays du monde qui ont les meilleurs taux de survie, à la deuxième place devant les États-Unis pour le cancer colorectal chez la femme et à la 6e place pour le cancer de la prostate. L’accès aux molécules coûteuses et innovantes a sans doute été un des acquis du précédent plan. Le Pr Grünfeld souhaite mettre l’accent sur la recherche.
Toutefois, deux domaines feront cette fois sans doute l’objet d’une attention particulière, celui des inégalités de santé et celui de la vie après le cancer, qui, tous les deux, mettent en jeu l’organisation et la coordination des soins. Les inégalités sont territoriales. « La France du nord est très opposée à la France du sud en en matière de facteurs de risque tel que le tabac, l’alcool », explique au « Quotidien » le Pr Francis Larra, président de la Ligue contre le cancer. On les observe aussi notamment en matière d’équipements performants (PET-scan ou les appareils de radiothérapie sophistiqués qui permettent de limiter les effets secondaires) : « Un patient qui réside dans un département dépourvu de tels appareils peut légitimement estimer qu’on lui ôte des chances de guérison. »
Le médecin traitant.
Interrogé pour les sites quotimed.com et univadis.fr, à l’occasion du colloque organisé le 7 octobre sur les nouveaux enjeux du plan Cancer, le Pr Maraninchi reconnaissait : « Le précédent plan était ciblé sur les établissements de santé, sur les soins à l’intérieur des hôpitaux et des cliniques. Or les patients y passent peu de temps. Aujourd’hui, il s’agit d’aller plus loin. » L’articulation ville/hôpital apparaît comme essentielle. Le rôle du médecin traitant est important dès l’entrée dans la maladie en tant que « prescripteur et référent du dépistage ». De même, son rôle dans la surveillance entre deux traitements spécifiques mais aussi dans le suivi personnalisé des patients devrait être renforcé. Le Pr Francis Larra formule ce que serait son souhait et celui des patients : « Que soit mis en place un dispositif de sortie de l’hôpital, une coordination structurée et formalisée avec des relations entre l’équipe hospitalière d’une part et d’autre part les dispositifs de soins de support, de soutien psychologique, nutritionnel, de relaxation, l’hospitalisation à domicile et le médecin traitant ». Mais il met en garde : « On répète toujours que le médecin traitant doit être au cœur du dispositif de soins mais il faudrait vraiment lui en donner les moyens. On affirme qu’il a une mission de prévention mais si on ne rémunère pas sa consultation, cela restera un vœu pieux. »
La vie après le cancer.
« Aujourd’hui, 60 % des patients atteints de cancer guérissent », a rappelé le Pr Maraninchi, ce qui justifie l’un des volets novateurs de ce plan : la vie après le cancer, et là aussi le médecin traitant est appelé à assurer la surveillance du patient, à faire de la prévention tertiaire. Mais les réponses vont au-delà du domaine médical. « La réponse est sociétale », précise le Pr Larra. Sont en jeu « les problèmes de discrimination à l’emploi : on ne tient pas suffisamment compte du mi-temps thérapeutique ni des horaires aménagées. Or le retour à l’emploi est essentiel : c’est un facteur de réinsertion socio-professionnelle et d’estime de soi. Le problème de l’assurabilité persiste en dépit de la convention AREAS (S'assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé). Nous souhaiterions une allocation de perte d’autonomie pour les malades qui ont des séquelles dues aux effets secondaires des traitements. De même, une allocation serait nécessaire pour les proches. Les séjours en établissements hospitaliers sont de plus en plus courts et le maintien à domicile de plus en plus fréquent. On doit leur permettre de prendre un congé rémunéré, en particulier en phase terminale, au même titre que le parent d’un enfant malade ».
Sera-t-il entendu ? Réponse aujourd’hui.
› Dr LYDIA ARCHIMÈDE
Le Quotidien du Médecin du : 02/11/2009 |
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