Auteur |
Message |
DOMENECH Inscrit le: 22.11.04 Messages: 72NODULE THYROIDIEN DROIT CHEVREUSE 80+ |
Message: (p23911)
Posté le: 27. Juin 2005, 16:52
|
|
|
J'ai donc été opérée le 9 juin dernier d'un gros nodule (4,5 à 5 cmx3x3) découvert en décembre 2003 au lobe droit. Nodule plongeant coincé entre la trachée et l'artère carotidienne.
2 scintigraphies et 2 ponctions ramenant du matériel bénin.
Le spécialiste consulté hésite à faire opérer car ayant une maladie musculaire et déjà une paralysie de l'hémi-larynx droit, il craint des complications.
Je me décide car si l'opération n'est pas urgente, mon nodule provoque des douleurs et, compressif, projette en avant la carotide et fait dévier la trachée.
Je me prépare à l'opération en écoutant des cd de décontraction et en stressant malgré cela un maximum.
J'entre à l'hôpital Foch de Suresnes (région parisienne) le mercredi 8 en regardant pendant le trajet tout ce qui m'entoure comme si c'était la dernère fois.
Je suis vite prise en charge à mon arrivée. J'ai une magnifique chambre particulière climatisée et tout Paris à mes pieds.
Mon mari toujours pressé ne reste pas plus de 5mn, ce qui a l'air d'étonner la surveillante.
Les examens ayant été faits lors de la consultation d'anesthésie, l'infirmière inscrit les médicaments que je prends habituellement et prend ceux que j'ai apporté avec moi. Un conseil : si vous suivez un traitement, amenez-le avec vous, cela simplifiera les choses.
On me prévient que je suis opérée le lendemain vers 11h50. Le dîner me semble bien copieux pour une veille d'opération. Je mange tout !
On ne me donne aucun somnifère, la plupart m'étant interdits. Je contemple Paris qui s'allume, la Tour Eiffel se met à scintiller au début de chaque heure : dire que les touristes font la queue au Champ de Mars pour voir les spectacle, je leur cèderais volontiers ma chambre.
Et je dors très bien, je me réveille 1 ou 2 fois mais pas longtemps.
Au matin, l'infirmier de nuit vient me donner les comprimés que je dois prendre pour ma maladie musculaire avec une gorgée d'eau.Tout ce que j'ai droit d'avaler bien sûr.
Commence l'attente. Mais comme j'attends depuis fin 2003 avec moult interrogations et craintes,je me sens plutôt calme : bientôt débarrassée, comme me dit la dame qui nettoie ma chambre. Voire !
Finalement je ne me voyais pas opérée très tôt.
La chirurgienne arrive toute guillerette me rendre une première visite et me dit de prendre tout mon temps.
Effectivement 2 heures avant l'heure prévue l'infirmière m'apporte le liquide rouge désinfectant avec lequel je me shampooingne et me douche. J'enfile le joli peignoir bleu et je repars dans mon lit.
Continue l'attente : la chirurgienne m'a prévenue que l'opération précédent la mienne durera 30mn ou 2h.
Je pense qu'elle n'a duré que 30 mn car vers 11h30 les brancardiers me prennent en charge et me descendent dans les profondeurs opératoires, tout aussi guillerets que la chirurgienne. La salle d'opération n'est pas encore prête, ils me laissent dans une sorte de cagibi pour 10 mn m'affirment-ils. J'ai attendu environ 1h mais la chirurgienne me rend une deuxième visite en me préconisant de penser intensément à un lieu, un sujet que j'aime beaucoup avant de m'endormir, ce qui permet de rêver au cours de l'opération. Pourquoi pas ?
Je m'y applique mais ce dernier temps à parcourir me semble horriblement long. J'entends dans le couloir des infirmières rire, des pas aller et venir. Je ne suis pas du genre à fondre en larmes mais là je sens que ça vient. Je me ressaisis en me disant que je ferais mieux de jeter un coup d'oeil sur le gros dossier posé sur mon lit.
Et encore des pas dans le couloir et la porte s'ouvre.
Enfin dans la salle d'opération ! J'aimerais être n'importe où ailleurs.
La chirurgienne est déjà sur place, vêtue de vert. Elle me sourit et se tourne vers un ordinateur. Tiens ! Elle étudie une dernière fois mon dossier, c'est bien.
Les anesthésistes ne sont pas encore là. Au bout de 5mn elle se lève et avec son assistante me met les électrodes là où il faut "pour avancer un peu en attendant les anesthésistes". Puis retourne à son ordinateur. L'assistante de l'anesthésiste arrive : très gentille elle continue la préparation, me pique. L'attente continue. "Il faudrait trouver l'anesthésiste" s'écrie la chirurgienne. Son portable ne répond pas. J'approuve en regardant du côté de l'ordinateur : elle était en train de faire une réussite ! On se croit toujours plus important qu'on est.
Enfin l'anesthésiste arrive essouflé.(Ce n'est pas bien sûr celui que j'ai consulté). Me demande si j'ai une question à poser. Une ? J'en ai 100. Tout ce que je trouve à dire, c'est "surtout réveillez-moi". Tout le monde se récrie que c'est prévu dans le programme. Je suis sur le point de lui dire "vous avez bien lu mon dossier, il ne me faut pas de curare" quand ma tête a 3 bourdonnements ...et j'ai oublié de penser à mon rêve.
Comme ce récit est déjà long, je m'arrête (puisque je suis endormie !) et je reprends dans un autre message.
A bientôt. Bon dodo.
Paule |
|
|
|
|
s38 Inscrit le: 02.01.05 Messages: 1569 |
Message: (p23964)
Posté le: 27. Juin 2005, 22:49
|
|
|
Merci pour ton message ! J'ai bien ri en lisant l'histoire de la réussite Vivement la suite !!!! |
|
|
|
|
michèle V V
Inscrit le: 25.04.05 Messages: 1808 |
Message: (p23973)
Posté le: 28. Juin 2005, 07:04
|
|
|
Bonjour, Paule
Moi aussi j'attends la suite du feuilleton...
Bon, tu t'es réveillée puisque tu es là, et alors???
Bisous
Michèle |
|
|
|
|
DOMENECH Inscrit le: 22.11.04 Messages: 72NODULE THYROIDIEN DROIT CHEVREUSE 80+ |
Message: (p24014)
Posté le: 28. Juin 2005, 11:04
|
|
|
Donc je me réveille : un bourdonnement dans les cuisses. Le temps de me demander ce qui m'arrive, le bourdonnement passe à mon ventre puis à mon visage et je réponds à ma question : j'ai été opérée, c'est vrai et je dois être en train de me réveiller.
Je suis dans la salle de réveil, la chirurgienne à ma droite : "c'est fini, je vous ai enlevé le lobe droit, le nodule est bénin. J'ai téléphoné à votre mari, il vous embrasse" (mon mari interrogé plus tard m'affirme qu'il ne lui a jamais dit cela).
Mes premiers mots : "Je n'ai pas rêvé !"
Elle rit en me disant que je ne dois pas m'en souvenir et qu'en tout cas je ne lui en ai pas parlé au cours de l'opération.
L'assistante de l'anesthésiste si gentille : "Tout s'est très bien passé".
L'anesthésiste devait être là mais je ne l'ai pas vu : je l'aurai très peu vu mais l'essentiel est qu'il ne m'ait pas refilé du curare.
J'ai mal à la gorge, extérieur et intérieur. Je tâte un gros pansement. En face de moi, l'horloge : 14h20. L'opération a duré moins de 1h puisque dans la salle d'opération l'horloge indiquait 13h15 au moment où ma tête a commencé à chavirer. C'est bien d'ailleurs cette manie de mettre des horloges partout : comme ça vous pouvez vérifier.
Au-dessus de moi, une bouche de ventilation qui ne se tient pas en place. Dès que je veux fixer un point il se met à valser. Et puis j'ai vraiment des nausées. Alors je reste tranquille. Mais alors ça, dans une salle de réveil moderne, c'est impossible !
Je me souvenais de mon anesthésie dans le même hôpital datant de 1973 : régulièrement un externe venait me prendre la tension et me faisait un brin de causette dans une magnifique salle donnant sur Paris, toute la nuit et au matin un superbe lever de soleil.
Aujourd'hui non seulement la salle est réduite et en sous-sol mais équipée de multiples appareils : chaque opéré est relié à son appareil qui enregistre respiration, pouls, oxygène, etc. sur son écran mais aussi dans un langage sonore, et incompréhensible pour sa victime.
Comme nous sommes restés 5 opérés liés à nos bourreaux jusqu'au lendemain 9h, autant dire que le silence ne s'est jamais fait. En plus le tensiomètre que chacun a au bras se gonfle tous les quarts d'heure, parfois 2 fois de suite quand la tension est trop basse et l'appareil démoniaque en profite pour faire entendre un son des plus menaçants.
La prise en charge de la douleur est remarquable : toutes les heures une infirmière vous demande "de 1 à 10 ?"
Je réponds d'abord 4 et avec l'efferalgan codéiné dans la perfusion, puis au bout de quelques heures par la bouche (avec précaution !), le chiffre tombe à 3 puis 2 puis 1. J'ai par contre pas mal de sécrétions qui m'obligent à cracher souvent.
Je regarde autour de moi : depuis que j'ai vomi, j'ai moins le tournis. Il y a en permanence (car les autres opérés restent peu de temps) 4 femmes et 1 homme.
Les femmes, ça va. L'homme se plaint tout le temps et fait sonner son appareil car il plie le bras et sa perfusion n'apprécie pas. Mais il me fait de la peine car c'est le seul qui a peur de mourir malgré les propos rassurants des infirmières.
Chaque fois que je vérifie l'heure à l'horloge, je me dis que ce n'est pas possible, il faut que je dorme. Mais chaque fois que je suis sur le point de m'endormir, je manque défaillir et mon appareil me rappelle à l'ordre.
Le matin arrive enfin. Il était temps pour moi mais aussi pour l'appareil qui, pris de folie sûrement, me met en apnée toutes les 5 minutes : à ma question les infirmières rient et m'expliquent que les appareils se trompent parfois d'électrodes (sic !) mais qu'elles savent bien que je ne suis pas en apnée malgré mes malaises au moment de m'endormir.
Bref quand l'assistant arrive avec un bon sourire m'annoncer que j'ai bien respiré pendant la nuit (j'ai eu l'impression de tout le contraire) et que je vais remonter dans ma chambre, je suis encore inquiète mais soulagée. Quant à l'appareil qui n'a pas réussi à me prouver malgré tous ses efforts que j'étais morte, il a dû être encore plus content d'être tout de même débarrassé de moi.
La chirurgienne me fait une autre petite visite matinale
en me disant que les salles de réveil ne sont pas faites pour dormir.
Je retrouve ma chambre avec son magnifique panorama, je remercie Notre-Dame du Sacré-Coeur, toujours à sa place ; la Tour Eiffel aussi, il n'y a pas de raison ! Flageolante je vais, accompagnée de l'infirmière, dans le cabinet de toilette où je fais oh un brin de toilette et je me remets dans mon lit qui est beaucoup moins de souffrance depuis qu'il est remonté avec moi dans le service.
Je prends un tout petit déjeûner car ma gorge renâcle.
On m'enlève la perfusion avant midi. Le repas est mouliné comme tous ceux qu'on me servira jusqu'à mon départ. Mon mari me téléphone et vient me voir dans l'après-midi. Le soir je vois de nouveau Paris s'allumer, la Tour Eiffel scintiller et je dors remarquablement bien, sans malaise.
Le lendemain on m'enlève le drain, la chirurgienne fait sa visite, me dit que non on ne m'a pas intubée, que c'est l'opération qui me fait mal à la gorge et l'anesthésie qui m'a donné ces sécrétions, et décide de mon départ l'après-midi même. Je trouve mon séjour un peu court, je serais bien restée à me reposer encore quelques jours. Mais il paraît qu'il vaut mieux de pas rester trop en contact d'éventuels microbes toujours prêts à se montrer trop affectueux.
Je repars vers 14h en faisant le chemin inverse de l'arrivée il y a à peine l'avant-veille et je retrouve tout ce que j'avais bien regardé en me disant que c'était peut-être la dernière fois : non tiens ces roses je ne les avais pas remarquées !
Depuis mon mal de gorge a passé. Pas vraiment mon stress !Car bien sûr j'ai des fourmis un peu partout, une oppression due à je ne sais pas encore quoi. Et j'attends mes premières analyses d'hormones thyroïdiennes avec une certaine angoisse, ça semble si complexe !
Voilà :pour le moment le plus positif est que mon mari a appris à mettre la vaisselle sale dans le lave-vaisselle.
Et je repense avec autant de compassion au seul homme de la salle de réveil qui se plaignait tant et avait peur de mourir : si vous laissez un peu de votre coeur à un inconnu, rien de votre existence n'aura été vain.
Merci d'avoir eu la patience de me lire.
Paule |
|
|
|
|
s38 Inscrit le: 02.01.05 Messages: 1569 |
Message: (p24020)
Posté le: 28. Juin 2005, 11:20
|
|
|
Merci pour la suite ! Je ne pensais pas qu'on restait si longtemps en salle de réveil ..... enfin, c'est sûrement le meilleur endroit pour bien nous surveiller ! Je sens que je vais également regarder autour de moi, avant l'opération, comme si c'était la dernière fois !!!! Ton message me rassure : je suis anxieuse mais loin d'être la seule dans ce cas
PS : le chirurgien qui doit m'opérer , et que je rencontrerai dans quelques semaines, est le Pr PEIX : y a-t-il quelqu'un qui soit passé entre ses mains expertes ? |
|
|
|
|
DOMENECH Inscrit le: 22.11.04 Messages: 72NODULE THYROIDIEN DROIT CHEVREUSE 80+ |
Message: (p24023)
Posté le: 28. Juin 2005, 12:01
|
|
|
On ne reste longtemps en salle de réveil que si l'on a des risques aggravés en raison de son état de santé antérieur (c'était mon cas) ou de l'opération elle-même.
La plupart des opérés ne font qu'y passer.
En principe pour une thyroidectomie banale quelques heures suffisent.
Amitiés et bon courage pour ton intervention.
Paule |
|
|
|
|
s38 Inscrit le: 02.01.05 Messages: 1569 |
Message: (p24031)
Posté le: 28. Juin 2005, 12:34
|
|
|
Paule,
Je n'ai pensé qu'à ton récit et à moi mais come tu l'as écrit, tu attends à présent tes résultats, ce qui doit te causer un peu de souci ...j'espère qu'ils seront tous bons. J'attends que tu nous tiennes informé(e)s des résultats. Repose-toi bien car ton opération est encore récente !
PS : j'ai fait lire ton récit à mon époux qui l'a également très apprécié (l'utilisation du présent crée vraiment le sentiment d'être spectateur !) |
|
|
|
|
jos |
Message: (p24032)
Posté le: 28. Juin 2005, 12:34
|
|
|
Bonjour,
Je confirme ce que dit Paule, je suis restée à peine 1 heure en salle de réveil.
Paule, ton récit est très intéressant et ton humour est très sarcastique.
Bravo à ton mari pour le rangement dans le lave-vaisselle.
Je te souhaite une bonne convalescence.
Josiane |
|
|
|
|
pazienza
Inscrit le: 06.06.05 Messages: 59380+ |
Message: (p24660)
Posté le: 05. Juil 2005, 22:52
|
|
|
Bonjour, ou plutôt bonsoir,
Et MERCI (bien reçu).
"Tout Paris à mes pieds... La tour Eiffel qui s'allume... Paris se met à scintiller..."
Je lis ton récit d'opération, je ris, je m'intéresse, je t'accompagne, comme les autres dont je lis les récits, je me gausse de la Réussite, de l'Apprentissage du lave-vaisselle, je compatis à tes inquiétudes, je respire, je fixe le point qui valse, je vomis, ça va mieux, et qu'est-ce qui me reste ces jours-ci ?
"Twinkle, twinkle, little star"... la Tour Eiffel qui scintille, Paris qui s'allume, le coucher de soleil ...
Voilà, "C'est mon choix", comme dit l'autre, malgré moi, je m'ennuie trop de Paris, à en être jalouse, de ta résidence panoramique ! Ca peut se dire, ça ? (Pas sûr !). Et que ça n'empêcherait pas d'être attentive ? (Mm !).
Nonobstant, j'espère que ta convalescence se passe bien, et que tu trouve le dosage qui fixe le point qui valse.
Et encore : MERCI. |
|
|
|
|
|