Beate
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Message: (p3545)
Posté le: 23. Fév 2002, 02:00
Merci. Ce message m'a été utile ! ont dit : Violett59, Margotte31
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NON !!!
Le fait d'avoir un "nodule" dans la thyroïde ne veut pas forcément dire qu'on ait un cancer ! Bien sûr, c'est la première chose à laquelle on pense quand on découvre ces "boules noires" à l'echographie, mais en fait, il y a énormement de chances pour que ce soit tout à fait bénin !
Il existe trois sortes de nodules (tissu thyroïdien "concentré") : les CHAUDS, qui produisent PLUS d'hormones que le reste de la glande et provoquent souvent une hyperthyroïdie, les TIEDES (tissu concentré qui continue à produire des hormones à peu près normalement) et les FROIDS (cellules qui ne produisent plus d'hormones du tout). Pour distinguer ces nodules, aperçus à l'échographie, on fait une SCINTIGRAPHIE : on injecte de l'iode faiblement radioactif et, environ un quart d'heure après, on regarde où il est allé se fixer. Les nodules chauds l'absorbent encore mieux que le reste de la thyroïde, les nodules tièdes de la même manière que le reste de la thyroïde, les nodules froids n'en absorbent pas (et ne "rayonnent" donc pas sur l'image, voilà pourquoi on les appèle "froids").
Les nodules chauds sont habituellement traités soit par la chirurgie, soit par une "cure d'iode" : puisqu'ils absorbent encore mieux l'iode que le reste de la glande, on leur donne de l'iode radioactif (une gelule qu'on avale) qui les détruira. Pour cela, on passe plusieurs jours dans un service de médecine nucléaire, afin de ne pas "irradier" notre entourage.
Les nodules froids sont ceux qu'il faut surveiller de près, parce que ce sont eux qui peuvent parfois être cancereux (mais au total, 95% des nodules sont totalement bénins).
En fonction de leur taille et de leurs caractéristiques, il suffit souvent de les surveiller, éventuellement de faire une cytoponction de temps en temps - et de n'opérer que s'ils grossissent, se modifient, présentent des caractéristiques suspectes à l'échographie.
S'il n'y a qu'un nodule isolé, on peut se contenter de retirer le lobe concerné ; quand il y en a plusieurs, dans les deux lobes, ou quand on pense qu'il s'agit d'un cancer qui nécessitera un traitement à l'iode radioactif après l'opération, on retire toute la thyroïde. Ensuite, on remplace les hormones produites par la glande par des hormones synthétiques (Lévothyrox ou similaire), et une fois le bon dosage trouvé (ce qui peut parfois prendre un certain temps), on continue à vivre comme avant.
Après l'opération, on analyse le tissu prélevé au laboratoire. Et dans la majorité des cas, on constate qu'il n'y avait encore RIEN de méchant.
Et même quand on trouve un cancer, ce n'est pas "la fin du monde", loin de là : le cancer thyroïdien est généralement peu agressif, il se développe très lentement et reste souvent de longues années "encapsulé" dans la thyroïde avant de migrer ailleurs. Et grâce à la particularité des cellules thyroïdiennes (saines ou cancéreuses) de fixer l'iode, on peut détruire toutes les cellules encore présentes dans le corps très "élégamment" : le patient absorbe une capsule d'iode radioactif très fortement dosée (environ 20 fois plus que pour détruire les nodules chauds), qui provoque leur inflammation et les détruit. En même temps, cet iode radioactif permet aussi de "voir" les cellules restantes, puisqu'il les rend visibles à la scintigraphie corps entier.
En outre, le cancer de la thyroïde a une deuxième particularité bien pratique, qui permet de le surveiller et de remarquer tout de suite une possible rechute : les cellules thyroïdiennes, et uniquement elles, produisent une protéine particulière, la thyroglobuline, qui sert de "marqueur" : logiquement, après l'ablation de la glande et la destruction des dernières cellules par l'iode, la thyroglobuline devrait être proche de zéro, et donc si elle augmente, on sait qu'il y a des cellules (éventuellement malignes) qui se sont remises à se multiplier - et on pourra alors vite prendre les mesures qui s'imposent (scintigraphie pour les localiser, nouvelle cure d'iode etc), bien avant que cela ne devienne trop grave.
Donc, QUAND on découvre un cancer, on effectue une cure d'iode environ 6 semaines après l'opération (le temps que l'organisme ait éliminé toutes les hormones produites par la thyroïde, pour que les cellules restantes soient bien "affamées" et se jettent sur l'iode radioactif) - ou on remplace cette "défrénation" par des injections de TSH recombinante (Thyrogen) -
mais ensuite, la vie continue, on doit juste effectuer des contrôles (prises de sang, echographies, de temps en temps une nouvelle scintigraphie "corps entier") un peu plus souvent.
Voilà ... c'est un peu succinct comme explication (vous en trouverez beaucoup d'autres dans la FAQ, foire aux questions), mais j'espère avoir pu lever quelques doutes et angoisses !
Beate
Voir aussi :
Comment interprêter une échographie ?" et La fiabilité de la cytoponction"
Nouvelles recommandations pour le suivi des nodules, de l'association des endocrinologues américains AACE (mars 2006), en anglais : Article et "Guidelines"
Article du Dr D. Mellière, paru dans la Revue du Practicien, juin 2006 :
Nodules thyroidiens sans hyperthyroidie, que faire en 2006 ? et
discussion
Cet article de la FAQ est déjà assez ancien (2002 !) - depuis, on a abandonné la scintigraphie "systématique", on ne la fait plus qu'en cas de TSH basse (car si la TSH est normale ou haute, il est peu probable d'avoir un nodule "chaud" !). Et en 2009, la Société Française d'Endocrinologie a rédigé des recommandations officielles, concernant la prise en charge des nodules, très détaillées : Nodules - Quand opérer ? Quand surveiller ?
Dernière édition par Beate le 05. Jan 2006, 12:07; édité 1 fois |
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