marion Inscrit le: 02.05.04 Messages: 907Hashimoto+basedow.Hy... malakoff (92) 60+ |
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Posté le: 26. Aoû 2014, 01:38
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Résultats de l'enquête CANCER DE LA THYROIDE ET TRAVAIL
Il s'agissait d'un questionnaire 'Google Docs', élaboré par Marion en vue d'une réunion sur le sujet cancer et travail. Le questionnaire a été mis en ligne sur le forum VST, durant 11 jours.
Profil des répondants
Le questionnaire a obtenu 59 réponses entre le 18 et le 29 juin 2014
83% de femmes et 17% d’hommes dans cette enquête, ce qui ne correspond pas tout à fait à l la répartition hommes/femmes du cancer thyroidien qui est plutôt de 75% de femmes et 25% hommes
95% des répondants ont eu un cancer de la thyroide, et les autres dans la sphère ORL. Le cancer a eu lieu avant 1990 dans 1 cas, entre 90 et 2000 dans 3 cas. 15 cas entre 2001 et 2009, et 40 cas de 2010 à 2014
J’avais oublié de demander l’âge (!), 5 étudiants figurent parmi les répondants.
Profil professionnel des répondants
Le profil d’emploi des répondants n’est pas totalement conforme aux moyennes nationales.
- Il y a plus de répondants salariés d’une grosse entreprise (presque 20% des répondants travaillent dans une entreprise de plus de 500 salariés (moyenne nationale 11%),
- et moins de répondants issus de petites entreprises de moins 50 salariés (36% de notre enquête versus moyenne nationale à 51,6%) .
- Pour les entreprises de 50 à 500, conforme à la moyenne nationale 33%)
- Pas de chômeur dans les répondants(alors que 9% en France). Et 4% de non salarié (inférieur à la moyenne nationale qui est de 7,4%)
Le travail pratiqué,
- il n’y a pratiquement pas d’ouvrier,
- le profil employé est identique à la population générale (57% dans l’enquête, 54% en France),
- un peu plus de cadres et de dirigeants qu’en pop générale, (20% versus 16%),
- un peu moins de libéraux (4% versus 6,4%) ;
- pas de commerçant ni d’indépendant (n’ont pas répondu à l’enquête car pas d’employeur ?).
- Parmi ceux qui ont répondu « autres » 5 étudiants, et une personne en reconversion
Médecine du travail
Un peu plus d’une fois sur 2 (54%) il y avait un médecin du travail dans l’entreprise. 1 fois sur 7 (14%) un médecin du travail inter-entreprise. Pas de médecine du travail dans presque 30% des cas.
Il est intéressant de noter le médecin du travail a été à l’origine de la détection de la maladie +++ chez 14% de ceux suivis en médecine de travail.
Arrêts de travail
Une majorité des malades s’arrête de 1 à 6 mois (47%), ¼ pas du tout ou moins d’un mois, 11% plus d’un an, et une personne a continué à travailler en télétravail.
Les ¾ des arrêts sont continus, sans reprise intermédiaire. Seulement 21% des patients ont des arrêts successifs entrecoupés de reprises
Revenus
S’ils sont inchangés chez plus de la moitié des malades (56%), la baisse des revenus concerne 42% des patients. Le revenu est amputé de 10 à 30 % pour plus de 20% des malades, il baisse de la moitié chez 13.5% des répondants, et même 5% n’ont plus de revenu .
L’employeur
8 malades sur 10 préviennent leur employeur de leur cancer dès le début de la maladie, 1 patient sur 10 le prévient plus tard, et 1 patient sur 10 n’a jamais prévenu son employeur.
Bien que prévenu, dans plus de la moitié des situations (54%), l’employeur n’apportera aucun soutien. Seulement 4 malades sur 10 indiquent avoir reçu un soutien de la part de l’employeur.
C’est un soutien surtout moral (37%) , jamais financier, et seulement une fois sur 10 un aménagement de temps de travail. Au moins un lien tel que appel, visites, mails est présent dans environ 15% des cas.
Les collègues de travail
Les collègues sont prévenus plus tardivement que l’employeur, seulement 7 fois sur 10 au début, puis 2 fois sur 10 plus tard. Finalement, ils sauront le diagnostic dans 9 cas sur 10, c’est-à-dire en définitive autant que l’employeur.
La encore, Presque 10% des patients n’ont rien dit à leurs collègues.
Question soutien, Ya pas photo : beaucoup plus de soutien de la part des collègues que de l’employeur. Presque 7 sur 10 ayant reçu un soutien des collègues contre seulement 4 sur 10 de l’employeur
La persistance d’un lien est bien plus fréquent avec les collègues qu’avec l’employeur. La première place revient aux appels téléphoniques (dans 40% des cas), mails et visites dans environ 20% des cas.
Seuls 1 malade sur 6 indique avoir été soutenu pour le travail qu’il avait laissé pendant son arrêt. Il faut noter, parmi les réponses « autres », qu’un répondant dit avoir reçu: « du respect »…
La reprise du travail
Même si la reprise se passe bien 6 fois sur 10, s’agissant d’une maladie à arrêt de travail relativement court (moins de 6 mois dans 3 cas sur 4), il est important de constater que la reprise se passe mal dans 3 cas sur 10 et qu’il n’y aura pas de reprise dans 10% des cas.
A la reprise du travail la majorité travaillent avec les mêmes horaires qu’avant (80%). 13% bénéficient d’horaires aménagés. On note un changement de contrat avec passage à temps partiel.
Malgré l’arrêt relativement court pour ce « petit » cancer la, seuls ¾ des patients retrouvent leur poste initial à la reprise du travail. Très rarement, ils se voient bénéficier d’une qualification supérieure (3%), alors que plus de 1 patient sur 10 a été rétrogradée, remplacée à son poste, ou licenciée pendant la maladie ou au retour (5 licenciements)
Le sentiment de mise au placard est présent (8% des cas)
1 an après la maladie
C’est une vraie surprise… un an après la maladie, seulement 6 patientes sur 10 sont toujours dans la même entreprise.
Presque 10% ont démissionné, le plus souvent de leur propre initiative, mais dans quelques cas, poussé par l’employeur, y compris en supprimant le poste, ou en ne trouvant pas de poste pour un mi-temps thérapeutique.
Presque 10% ont décidé, suite à la maladie, de changer de métier. Comme quoi, la survenue d’un cancer constitue pour certains une véritable remise en question de sa vie, y compris professionnelle
Pour les revenus, c’est différent. Après un an, plus de 8 fois sur 10 (84%), ils n’ont pas changé ou ont augmenté. C’est un point positif. On pourrait en déduire que le changement de boulot induit par la maladie, qu’il soit volontaire ou contraint, n’a pas forcément que des impacts négatifs, notamment sur le plan financier. En revanche, il ne faut pas oublier que presque un malade sur 10 a vu ses revenus baisser un an après sa maladie, voire n’a plus de revenu.
L’impact de la maladie sur la vie professionnelle est globalement jugé comme négatif (4 malades sur 10) , ou sans influence (4 sur 10 aussi) . 2 personnes sur 10 considèrent un impact professionnel positif de leur maladie.
Comment se sentent les anciens malades au travail
La question concernant le ressenti après la maladie a fait l’objet de nombreuses réponses : 180 items cochés pour 59 répondants !
Ce qui vient en tête des réponses sur le post-cancer, c’est la fatigue ( 1 ancien malade sur 4 s’en plaint). 1 sur 5 présente des baisses de mémoire et moins de concentration. 1 personne sur 7 se plaint de dépression, et une sur 7 d’une augmentation d’anxiété. On notera avec intérêt que seuls 3% des patients disent ne ressentir aucun changement.
En conclusion
Ce « petit cancer pas grave dont on guérit pratiquement toujours » a des répercussions significatives, sur la personne et sur son emploi… que ce soit durant le temps de la maladie, lors du retour au travail, et un an après le cancer.
Voici une sélection de commentaires ajoutés par les répondants:
- On m'a demandé de réduire mes vacances que je prenais après mon arrêt (sous-entendu l'arrêt cela sera un peu comme des vacances et cela fera vraiment une longue période d'absence) !!!
- La secrétaire a comparé ses divers petits problèmes à mon cancer...
- J'étais collaboratrice d'une dentiste qui était enceinte au moment de ma cure d'iode. Elle était donc plus inquiète de ce que je représentais comme risque pour son bébé.
- La seule phrase que je n oublierai pas "Elle va pas nous emmerder avec son cancer" par rapport à mon arrêt trop long.
- Je me suis entendue dire que ce n'était rien "cancer, cancer mais c'est un bien grand mot, c'est rien du tout..." d'un ton méprisant!!!
- Quand je suis revenue au travail, j'ai du "prouver" que je pouvais exercer mes fonctions comme avant mon cancer. J'ai réussi mais au prix de travail supplémentaire. J'ai eu la chance d'avoir la capacité physique de le faire...
- Aujourd'hui je travaille moins d'heures, j'accorde du temps à ce qui est important mais je ne me laisse pas dévorer par les petites tâches administratives ...
- En terme de travail, je dirais qu'il faut réapprendre à se concentrer, travailler sa mémoire et être patient
- Le cancer, quel qu'il soit, est une maladie qui fait peur à l'entourage, qu'il soit intime ou professionnel. Une fois la guérison déclarée ou la vie professionnelle reprise, on est toujours suspect. Le cancer m'a donné le coup de fouet nécessaire pour changer d'employeur et faire ce que j'avais envie de faire, dans un environnement plus serein, avec des personnes qui ne savaient pas que j'avais eu un cancer
- Depuis que j'ai su que je souffrais d'un cancer (guéri pour l’instant) ma philosophie de vie est axée sur 2 mots : J'avance.
Si vous voulez obtenir les résultats chiffrés détaillés et les graphiques, vous pouvez me les demander par mp. |
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Beate
Inscrit le: 10.10.00 Messages: 50311Carcinome papillaire... 60+ |
Message: (p399980)
Posté le: 12. Fév 2015, 14:07
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Bonjour Marie,
tu as raison, il n'y a pas "que" le cancer qui peut poser des problèmes au travail, beaucoup de maladies chroniques le font ... Basedow bien sûr, où autant les périodes d'hyper que d'hypo (et l'alternance entre les deux) sont difficiles à vivre, mais également Hashimoto avec parfois une fatigue lancinante qui "plombe" totalement la vie ... et bien sûr, beaucoup d'autres maladies, non thyroidiennes !
Cette enquête-ci était sur "cancer et travail", mais bien sûr, RIEN ne nous empêche de lancer d'autres questionnaires et études ! Justement, avec notre association, après une il y a 3 ans sur "l'utilisation des réseaux sociaux par les patients", puis une l'année dernière sur "les attentes des patients par rapport à leur médecin", nous commençons à y prendre gout, cette année sera lancé une étude sur "la qualité de vie après la thyroidectomie" ... et nous avons déjà plein d'autres idées ! Le plus dur est de trouver le TEMPS : nous sommes peu de membres actifs, tous bénévoles et avec un travail, une famille etc à côté ... Si tu veux t'impliquer, n'hésite pas à te manifester !
Bon courage à tous !
Beate |
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