Beate
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Message: (p159917)
Posté le: 24. Mai 2008, 12:06
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Bonjour,
je pense qu'en fait, on ne distingue pas entre "vésiculaire" et "papillaire" pour le suivi - là où ça fait une différence, c'est juste AU DEBUT !
Pour le papillaire (qui migre par le liquide lymphatique et où les ganglions, si jamais il commence à quitter la thyroïde, font barrière), du moment qu'il était petit, bien isolé et qu'il n'y avait pas de ganglions atteints, donc considéré comme "à faible (ou très faible) risque"), on peut ne pas faire de cure d'iode.
Mais pour le vésiculaire, vu que si jamais il migre, il le ferait par le sang et pourrait donc plus facilement envoyer des cellules plus loin, on considère qu'il vaut mieux faire la cure d'iode DANS TOUS LES CAS, pour dépister et détruire les éventuelles métastases tout de suite (par ailleurs, cela fonctionne généralement très bien, puisque l'iode 131 lui aussi est véhiculé par le sang, et arrivera donc bien au coeur des métastases, ce qui peut être plus difficile pour des métastases du cancer papillaire, quand il s'agit de tout petits ganglions à peine infectés, mais non encore vascularisés ...)
Donc, la grande différence entre les deux, papillaire et vésiculaire, c'est ça, la cure d'iode "d'office" pour le vésiculaire.
Mais ensuite, le suivi sera fait non pas en fonction du type du cancer, mais d'une part en fonction de la catégorie de "risque" (était-il gros, invasif ou bien encapsulé, y avait-il des embols vasculaires ?), et puis surtout en fonction des résultats de la cure d'iode, puis du premier contrôle - si on n'a pas vu de fixations ailleurs que dans la loge thyroïdienne, et que la TG était basse, le suivi sera "léger", il y aura un contrôle de la TG après stimulation (défrénation ou, le plus souvent, Thyrogen) entre 6 mois et 1 an après la cure, et ensuite seulement des contrôles de la TG sous Lévothyrox.
Bien sûr, à chaque fois, on vérifiera également les anticorps anti-TG, pour voir si la TG est "fiable" - et c'est là que réside le souci, chez ceux qui ONT des anticorps ! Tu as raison, c'est un facteur supplémentaire à prendre en considération, qui n'est pas négligeable (et en fait, c'est CA qui peut faire une différence pour le suivi, pas le fait qu'il s'agit d'un cancer papillaire ou vésiculaire) !
Quand on a des anticorps anti-TG, la TG n'est pas forcément fiable (car partiellement détruite par les anti-TG) ... on vérifiera donc à chaque contrôle les deux, TG et anti-TG, et ce seront surtout les anti-TG qui serviront de "marqueur".
Si tout se passe bien, qu'il ne reste plus ou quasiment plus de tissu thyroïdien, il y aura de moins en moins de production de TG (protéine de transport des hormones, fabriquée uniquement par les cellules thyroïdiennes) ... et les anti-TG, sans "cible", vont décroitre eux aussi. Il faut donc régulièrement vérifier si c'est le cas - si oui, tout va bien, on n'a pas besoin de s'inquiéter (les anti-TG peuvent mettre plusieurs années à disparaitre totalement, je crois).
Concernant l'utilité de vérifier TG et anti-TG non seulement sous Lévothyrox, mais aussi après Thyrogen, c'est un sujet dont nous debattons actuellement, entre le forum et certains de nos médecins-conseils, car apparemment, on "ne sait pas tout" sur ces choses-là. Il y a Lilette, très récemment re-opérée d'un cancer papillaire sur terrain Hashimoto, qui a eu de nombreuses analyses de sang depuis sa première opération en août 2007, aussi bien sous Lévo qu'en défrénation ou sous Thyrogen, et qui a tenu une courbe dont les résultats sont étonnants : on y constate que l'évolution de la TG et des anti-TG est inversement proportionnelle, et que les tendances s'inversent sous stimulation, c'est vraiment étonnant. Chez elle (qui a beaucoup d'anti-TG, et chez qui, jusqu'il y a quelques jours, il restait des métastases ganglionnaires), sous Lévothyrox, la TG était très basse (et augmentait "à peine" après stimulation) ... par contre, les anti-TG, eux, étaient hauts sous Lévo, mais baissaient fortement après stimulation !
Nous n'avons pas encore très bien compris les mécanismes, mais c'est une constatation très intéressante, car s'il s'avère que cela se passe ainsi chez tous les patients (à vérifier, bien sûr !), cela voudrait dire qu'il est important, quand on a des anticorps anti-TG, de ne pas se fier uniquement aux contrôles faits sous Thyrogen (où la TG sera "à peine détectable", mais les anti-TG bas, donc "non inquiétants"), mais de comparer systématiquement avec le même contrôle fait sous Lévothyrox ...
Bon, pour résumer, si vraiment les anti-TG sont plus "fiables" sous traitement que sous Thyrogen, et que chez toi ils sont en train de baisser (à combien sont-ils actuellement ?), il semble peu utile de te refaire un contrôle sous Thyrogen, du moins tout de suite ... mais bien sûr, pour plus de sécurité et pour te tranquilliser, on pourra tout à fait en prévoir un, p.ex. 3 ans après la cure (donc, dans 1 an), en revérifiant TG et anti-TG sous lévo entretemps (tous les 6 mois). Ce serait d'ailleurs intéressant, pour vérifier si les observations faites par Lilette s'appliquent partout, de contrôler TG et anti-TG peu avant ce contrôle, puis de nouveau après le Thyrogen, pour comparer !
Avec Lilette, qui a dû sortir d'hôpital aujourd'hui, nous allons d'ailleurs préparer un courrier envoyé à différents spécialistes, entre autres des chercheurs en immunologie, pour voir ce qu'ils en pensent, de cette histoire d'évolution "inversée" des anti-TG, nous vous tiendrons au courant bien sûr !
Voilà tout ce que je peux te dire, sur la base de mes connaissances (de non-médecin !), sur le suivi dans ton cas particulier - où, à mon avis, ce n'est pas le fait qu'il s'agissait d'un cancer vésiculaire qui est important, mais le fait qu'il reste des anticorps anti-TG.
Dans la FAQ, tu trouveras différents articles explicatifs :
Consensus européen sur le traitement et suivi du cancer différencié de la thyroïde (CDT) (2006)
Consensus français sur la prise en charge des cancers thyroidiens différenciés de souche vésiculaire(2007)
(ne pas confondre : autant le papillaire QUE le vésiculaire sont "de souche vésiculaire" !)
Citation: | La classification OMS identifie au sein des cancers différenciés de la thyroïde dérivés des cellules vésiculaires des cancers bien différenciés, papillaires et vésiculaires qui représentent la grande majorité et des formes moins bien différenciées, dont le pronostic est plus mauvais
Les études épidémiologiques récentes font état d’une forte prédominance des carcinomes papillaires qui représentent 85-90% des cas alors que les cancers vésiculaires ne représentent que 5-8 % des cas et les formes peu différenciées principalement oncocytaires et insulaires 3-5%. |
Et aussi :
TG, test de recouvrement : ça sert à quoi ?
Un article sur l'immunologie : Exploration de l’auto-immunité thyroïdienne : apport du laboratoire
Citation: | Les recherches d'anticorps anti-Tg sont essentiellement réalisées chez les patients traités pour cancers différenciés de la glande thyroïde pour la validation des dosages de Tg. S'ils sont présents, ils rendent impossible l'interprétation des taux de Tg. Cependant, il y a un intérêt à suivre l'évolution des taux d'anticorps anti-Tg car leur décroissance après chirurgie et iode radioactif sont de bon pronostic. En revanche, des taux élevés de ces anticorps signent la persistance d'une stimulation antigénique en relation avec la présence de résidus thyroïdiens. |
(cet article contient plein de reférences, cela nous donnera des idées à quels spécialistes adresser notre dossier avec la question sur l'évolution des anti-TG ...)
Et aussi cette discussion : Article : Maladies autoimmunes des glandes endocrines, avec lien vers un long article scientifique qui dit la même chose (et dont les auteurs semblent bien s'y connaitre, nous allons leur écrire) :
Citation: | La recherche des anti-Tg trouve son intérêt d’une part dans les rares cas de thyroïdite sans anti-TPO, d’autre part et surtout chez les patients porteurs de cancer de la thyroïde. Ils sont en effet présents chez 20 à 25 % de ces malades et leur présence rend impossible l’interprétation des dosages de Tg ; d’autre part la diminution de leur titre après chirurgie et iode radioactif est de bon pronostic alors que la persistance de taux élevés indique la présence de résidus thyroïdiens. |
Voilà ... Lilette va certainement te répondre aussi, puisque c'est un sujet qui l'intéresse fortement. Mais ne t'inquiète pas - si tes anticorps ont baissé, et continuent à rester bas, je pense qu'il n'y a pas d'inquiétude à avoir !
A bientôt !
Beate (cancer papillaire ET vésiculaire en 2000, parfaitement guérie ...) |
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