ANOREXIE, que faire ?

[isa31]

Cela concerne une jeune fille de mon entourage - comment l'aider ?

[Beate]

Coucou Isa,

pas facile de discuter avec quelqu'un qui a des problèmes comme ça (anorexie etc) - ces personnes ne croient pas ce qu'on leur dit, puisqu'elles, elles se "voient" vraiment grosses, on pourra leur dire tout ce qu'on voudra ! Et puis, à 20 ans, on n'écoute pas sa belle-mère qui en a plus du double, on pense qu'elle ne peut pas comprendre ...

Le mieux serait qu'elle discute avec des personnes de son age qui ont eux aussi des problèmes alimentaires !

Il existe différents sites et forums consacrés aux "TCA" ou "Troubles du comportement alimentaire" (anorexie, boulimie) :

http://www.enfine.com/
http://www.vivelesrondes.com/forum/forum_25.htm
http://teemix.aufeminin.com
http://forum.doctissimo.fr/sante/anorexie-boulimie

Plein d'adresses (numéros d'écoute etc) :
http://www.vivelesrondes.com/?p=394

Pour ta tante : où doit-elle se faire opérer ? Au CHU, à Claudius Régaud ? C'est vrai que c'est pénible comme opération, les suites sont assez douloureuses ! Mais s'il n'y a qu'un côté d'atteint, elle a de bonnes chances de s'en sortir, c'est juste un très mauvais moment à passer ! Il faudra être à ses côtés, l'encourager, l'aider dans la vie quotidienne, la soutenir quand elle aura le moral qui flanchera ...

A bientôt, gros bisou !

Beate

[isa31]

coucou
p

[luciole74]

...

[rosette]

Bonsoir Isa,

J'espere que tu consultes encore ce sujet, parce que je peux peut-être t'aider à comprendre ce qu'est l'anorexie.
J'ai aujourd'hui 31 ans et à mes 19 ans, j'ai aussi connu ce probleme. J'ai fait une grosse thérapie dessus qui m'a permis d'en decortiquer les mecanismes.
Je vais bien sur beaucoup resumer et generaliser, mais il est assez facile pour une ancienne anorexique de dire que si toutes les anorexiques ne se ressemblent pas, les mecanismes qui menent à cette maladie sont eux toujours les mêmes.
Pour pouvoir aider ta belle fille, il faut d'abord comprendre ce qui se passe pour elle, et bien sur, ce n'est pas elle qui pourra te le dire tant qu'elle a le nez dedans.
Ce trouble est bien une maladie, même si elle est d'ordre psychique. Disons surtout que pour s'en sortir la medecine peut faire quelque chose pour elle.
MAIS, la medecine ne pourra strictement rien pour elle si elle ne decide pas de remonter la pente, et donc en tout premier lieu de prendre conscience de son probleme.
Parce que l'erreur bien souvent faite est de se focaliser sur le poid de la malade et son régime alimentaire.
Je suis desolée Garnier, mais je vais te contredire: les trucs a carrement eviter c'est de rentrer dans le cercle vicieux de l'anorexique: calculer la masse corporelle, la balance ect sont autant de drogues pour l'anorexique.

Je vais essayer d'expliquer comment on fonctionne lorsque l'on est dedans.
Le probleme profond de l'anorexique est qu'elle fait un refus de vie. Mais l'erreur à ne pas commettre est de penser que c'est un lent suicide.
Ce n'est pas le cas.
Ce que fait inconsciemment l'anorexique en arretant de manger, c'est arreter le temps. L'anorexique refuse de grandir et de devenir une femme: d'ou le refus des formes.
Le desir le plus profond des jeunes filles à ce moment là est de redevenir enfant: et ça marche, d'ou la spirale vers la descente.
On maigrit, nos formes de femme s'en vont, on finit par ne plus avoir nos regles, mais surtout: on nous traite en enfant.
Même si souvent par paradoxe l'anorexique joue a la grande qui veut qu'on la laisse tranquille, il n'en est rien. On devient une petite chose que l'on protege à nouveau comme une enfant.

Bien entendu, tout cela est inconscient, et on ne peut faire ce constat que lorsque l'on en est bien sorti.
Aussi bizare que ça puisse paraitre, l'anorexie est une vraie drogue. On prend vraiment du plaisir à être dans cet état là, et oui, c'est vrai, on ne reconnait absolument pas que l'on est maigre: on ne le voit même pas !
Le cas le plus recurent est de penser que les autres sont jaloux ect...
Et donc, parler de facon sensée à une anorexique ne sert strictement à rien: parce que 1 elle ne l'entend pas et 2/ c'est exactement ce dont elle est en demande, qu'on la sermone comme une enfant.

D'autre part, lorsque l'on est anorexique, manger est VRAIMENT un contresens dans notre tete. Une comparaison qui est tout à fait efficace est celle de la terre.
Si demain on vous met devant une assiette de terre et qu'on vous dit que c'est ce qu'il est bon de manger, vous comprendrez alors ce que ressent une anorexique devant son assiette.

Mon discours peut paraitre dur envers les anorexiques, mais en réalité il ne l'est pas: ce que je cherche à te faire comprendre, c'est que ta belle fille est coincée par une peur qui lui appartient qui l'empeche de vouloir passer dans le monde adulte.
Là bien sur il n'y a pas de generalité, seule elle pourra sortir son angoisse lorsqu'elle sera prete à l'affronter.
Deuxieme generalité: l'anorexie a toujours à voir avec la maman, aussi injuste que ce soit. La maman represente la reference feminine de la petite fille et du coup elle fait toujours partie du probleme de l'anorexique.
Non pas que ce soit de sa faute, mais en revanche, souvent les réaction de protections des mamans maintiennent la jeune fille dans cet état.
La maman a souvent la réaction de surcouver sa fille, alors que c'est exactement l'inverse qu'il faut faire: il faut l'aider à s'affranchir et donc passer dans un rapport adulte.

Ce qu'il faut faire en attendant, je ne sais pas, en revanche, je sais ce qu'il ne faut surtout pas faire:

- changer vos habitudes alimentaires pour elle: vos repas doivent être les mêmes, et son degout de la nouriture ne doit pas avoir d'effet sur vos habitudes. Son contexte alimentaire est perturbé, mais la menager est l'encourager.
Si elle a du degout pour certains plats, tant pis, elle n'en mange pas mais autour on continue normalement

- lui parler de son poid sans arret: parler beaucoup parler oui, mais pas de ça. De la vie est... faire avancer sa reflexion en douceur...

- La couver... la plus grosse erreur ! Comment lui prouver que le monde adulte n'est pas si effrayant si on la maintient dans un état de petite chose ?

Apres, reste à esperer le declic, le chercher avec elle peut être, mais sans jamais en avoir l'air... compliqué je sais. Mais la solution ne pouvant venir que d'elle, il faut arriver à l'amener à trouver pourquoi elle fait ça sans attaquer le probleme de face, au risque de la braquer.


Mon declic a moi a été tres inatendu.
Je pesais 39 kg. Ce chiffre m'a fait peur: 40 j'adorais ce chiffre, mais 39, je ne sais pas pourquoi, il m'a fait peur. Pasq assez pour remonter la pente ou me rendre compte de mon probleme vraiment, mais pour la premiere fois je me suis sentie en danger de mort. Et ça, ben c'est pas ce que je voulais.
En comparaison à un tempérament suicidaire, une anorexique AIME la vie, seulement elle lui fait peur.
Puis un heureux hasard: une histoire de coeur qui se passait mal m'a poussé à partir de mon cocon familial pour m'eloigner un peu.
Je suis partie chez mon oncle à Paris et en 15 jours (15 jours !!!) il a reussi à me faire passer ça !!!
Comment ? Ben il ne l'a pas vraiment fait expres.
En tout premier, il me forcait a rester à table et à finir mon assiette: comme une gamine ! Mais il n'était ni mon pere, ni ma mere, je n'avais aucune emprise sur lui, donc je finissais par le faire.
J'ai souffert, un tout petit repas est pour l'anorexique qui ne se nourrit plus depuis longtemps comme deux repas de reveillon d'affilée. Ca fait mal et on ne se sent pas bien...
En suite c'était soit on mange à l'heure des repas, soit rien. Donc pas de grignotte entre les repas du tout.
Privation de nourriture ?? A moi ??
Et bien joli resultat: je me suis mise à cacher des chocolats sous mon lit ! et tout doucement, me suis mise à redecouvrir les patits plaisirs de la gourmandise.
Trpois fois rien, mais c'est enorme.

Et puis, réaction decisive: il m'a traité comme une gamine... mais dans le mauvais sens du terme, c'est à dire le bon, puisque l'anorexie inverse ca.
C'est à dire que je n'avais pas le droit de sortir le soir, ou sur demande et autorisation express. Je devais me coucher a des heures raisonnables et avoir des occupations la journée.
Moi je bossais depuis mes 16 ans, j'étais completement affranchie de mes parents (pensais-je) et voila que l'on me retirai mon DROIT d'adulte.
Le monde enfantin m'a vite soulé: j'ai pris mes jambes à mon coup et j'ai eu envie d'être adulte.

C'est un peu simplifié, mais en gros c'est ça.

Je ne sais pas si mon temoignage pourra t'aider, mais je l'espere de tout coeur. Desolée s'il est un peu long
La maxime à ne pas oublier: une anorexique ne se laisse pas mourrir, elle n'a PAS ENVIE de mourir.
Donc, même si c'est facile à dire ne vous angoissez pas trop et ne cherchez pas à la proteger, vous feriez l'inverse de ce qu'il faut faire.

[Caro59]

Chapeau ! Je reste sans mot.

Me permets-tu de transmettre ton message à un couple d'amis désespéré par l'anorexie de leur fille de 17 ans ?

A+
Caroline

[rosette]

Oui bien sur Caro, sans probleme, au contraire

Je me tiens même à leur disposition si ils veulent en parler avec une ancienne anorexique ^^

[jos]

Rosette, je suis très touchée par ton témoignage. J'ai une fille de 12 ans et j'espère bien sûr ne jamais être confrontée à cette maladie, mais si çà devait arriver, c'est sûr je ferai appel à toi.
Bisous

[jos]

Isa, je te souhaite beaucoup de courage pour tout ce que tu dois affronter. Je sais que tu es quelqu'un de fort et je t'admire.

[luciole74]

...

[nora]

Coucou,
J'ai connue pendant une courte période l'anorexie, (il y qq mois) il est vrai que parler peut enormément aider à lutter. Moi je venais d'apprendre qq chose de terrible, et je ne me suis pas rendue compte de mon état. Je ne mangeais rien ormis un café le matin avec une miette de pain mais ce qui est térrible c'est que l'on n'a pas la sensation de faim. Il a fallu que mes proches et deux malaises me fassent réagir, et cette térrible nouvelle qui m'est tomber dessus j'ai appris à la gérer et la combattre. 'étais tellement convaincu que j'allais bien que je mettais cette perte de poids sur le dos de ma maladie (thyroide) et effectivement je ne me voyais pas comme les autres me voyaient. Je ne me rendais même pas compte que je ne m'alimentais plus, d'ailleurs sur le forum j'avais écrit que je perdais du poids sans raisons.... Bref, je ne suis pas à l'abri de rechuter car je vis du matin au soir avec 'cette fameuse nouvelle" mais je me force à manger et mon mari me surveille. Il est vrai que je prend aucun plaisir à manger, mais tu sais quand ca va pas dans la tête rien ne va. Il faut disctuter et percer le malaise, sans brusquer surtout, il faut qu'elle retrouve cette sensation de faim que les anorexiques n'ont plus, peut-être qu'une aide pshychologique serait la bienvenue. Le problème de l'anorexie, c'est qu'en plus on aime se sentir vide, et on aime son corps plat, même si l'on se croit grosse, encore aujoud'hui je me trouve grosse mais j'ai ma petite conscience qui me dit qu'il faut que je tienne pour mes enfants et surtout ma petite puce de 5 ans. Bref, c'est pas facile, les aléats de la vie sont parfois térribles à gérer, mais il faut se battre, et surtout discuter, le dialogue fait partie de la guérison, car ta belle fille cache de toute évidence un profond malaise et il faut le connaitre. Bon courage à toi et toutes mes Amitiés.

[rosette]

Je te souhaite plein de courage à toi aussi Nora. Tu as raison, quand la sensation de faim n'est plus là et que le plaisir de manger n'existe plus, c'est assez difficile de prendre sur soi et de s'alimenter...
Quand j'ai cherché à remonter la pente, je m'étais accordé une petite regle à moi, mais qui m'a fait du bien: je m'autorisais tout et sans forcer.
C'est à dire que si à 14h30 j'avais une petite, même toute petite envie de quelque chose, même si ce n'était pas sain (hamburger, chocolat ect...), et même si j'avais essayé de manger 1 heure plus tot sans succes et bien je me l'accordais.
Souvent je devais jetter les 3/4, mais au lieu de prendre ça comme la preuve evidente d'un echec, je renversais et je me disais "c'est toujours ca de pris".

Je pense que tu n'es pas loin du bout, même si tu ne le vois pas, parce que tu sembles avoir parfaitement conscience de ton probleme. Je te le souhaite en tout cas.

Une petite chose encore: quand on a fait de l'anorexie un jour, il ne faut pas se voiler la face, on a un temperement d'anorexique. C'est à dire que des qu'on somatise, c'est vers la nourriture que ça se tourne.
Certaines ont mal à la tete, au ventre ect..., nous c'est l'appetit qui en prend un coup.
12 ans me separent de ma periode d'anorexie, et j'ai eu quelques petites alertes depuis, mais jamais rien de bien serieux: j'ai ma petite securité
Ce que je te conseille tres vivement Nora, c'est de te faire accompagner pour gerer ta vilaine nouvelle. Il est parfois des choses qui sont un peu grosses "à avaler" pour nous, et on a besoin d'un petit verre d'eau pour nous y aider.
Moi ma psychothérapie m'a permis non seulement d'assumer ce qui me travaillait ( inceste, un sacré morceau aussi...), je vis parfaitement avec aujourd'hui, et surtout depuis j'ai appris a reconnaitre mes angoisses, celles qui sont suceptibles de me faire rechuter.
Du coup, parfois je perds l'appetit et le gout de me nourrir, mais je sais toujours tres bien gerer ça.

Plein de courage pour toi Nora

[nora]

Bonjour Rosette,
Oh comme je te comprend, tu vois l'énorexie cache toujours un mal aise qq part, si j'ai bien compris tu as vecu l'inceste, pour ma part c'est ma puce qui a été victime au dernières vacances de paques, je me sens responsable dans la mesure ou je n'étais pas là pour la défendre, et crois moi elle me le fait bien comprendre. J'ai fondue comme neige au soleil, et la nourriture me dégoutait, plus je congitais moins j'avais faim, et le temps passe et les kilos s'envolent. Puis la prcédur judiciaire entamée j'ai trouvé le courage de me battre pour ma puce, mes deux autres enfants et mon mari. Mais aujoud'hui je crains l'avenir car la justice n'a rien fait du fait que l'agresseur de ma fille est mineur.... alors comme tu dis on ne guerrit pas vraiment de l'anorexie. Je te souhaite bon courage même si la vie est un combat. Je t'embrasse.

[rosette]

Merci Nora. Mais tout va bien aujourd'hui tu sais

Comme je te l'ai dit, je vis tres bien avec. Que ça te donne un bel espoir pour ta puce, on peut tres bien vivre avec ça dans son passé. Certains moments sont delicats, notement à l'adolescence, parce que c'est là que tu commence a comprendre le sex et les interdits, et c'est là aussi que tu commence à faire des paralleles entre ton atirance qui pointe le bout de son nez et ce que tu as vecu. L'amalgame n'est pas facile à ce moment là.
Et là il faudra que vous soyez particulierement attentifs.

Et puis, tu dis que ta fille t'a bien fait sentir que tu n'avais pas été là pour la proteger, mais ne te trompe pas d'interpretation. Tu es sa maman, c'est sur toi qu'elle se decharge parce qu'elle sait qu'elle peut le faire. Ce qui est absolument formidable: elle a confiance en toi.
Elle sait qu'elle peut se decharger sans risquer de perdre ton amour ou ta consideration.
Même si ça doit être difficile à vivre de sentir le reproche de sa fille, dis toi que tant qu'elle ne sera pas assez mure pour mettre les mots justes dessus, elle aura souvent à decharger ça sur quelqu'un, et c'est nettement plus sain que de garder ça pour soi. Et ça ne veut pas dire qu'elle t'en veut, mais bien au contraire qu'elle a assez confiance en toi pour pouvoir se le permettre.
Je te souhaite d'arriver toi aussi tres vite à assumer ça, je me doute bien à quel point ça doit être dur pour une maman de vivre ça...

Je vous embrasse bien fort toi et ta puce !

[nora]

Merci Rosette pour ton message, je suis tres heureuse de savoir que tu vas bien et c'est vrai que cela me donne de l'espoire pour ma puce, mais tu sais il n'y as pas une jour ou elle ne m'en parle pas, ce qu'elle ne comprend pas c'est pourquoi on lui a fait ca. Elle est suivie par une professionnelle, et moi mon combat est tourné dans la protection de l'enfant qu'il soit agresseur ou victime, quant il est si jeune agresseur il y a forcément un problème dans le cercle familiale, quant il est victime il ne comprend pas pourquoi il l'est. Encore merci à toi pour ton message, je te souhaite de continuer dans cette voie de paix. Je t'embrasse.