Nafnaf
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Message: (p291781)
Posté le: 21. Juin 2011, 13:21
Merci. Ce message m'a été utile ! dit : MMartine
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Bonjour,
Durant 2 ans j'ai consulté le site Vivre sans thyroïde et les informations que j'y ai glanées m'ont bien été utiles. Je ne suis pas très forum, mais pour vous remercier des infos que j'ai reçues, je me suis décidée à publier mon expérience en espérant qu'elle pourra être utile.
En 2009, lors d’un examen sanguin, on constate que j’ai une hyperthyroïdie. Après une batterie d’examens c’est un nodule froid sur le lobe droit qui est découvert.
Durant deux années je me suis documentée, interrogée sur le bien-fondé ou pas de me faire opérer. J’étais intimement convaincue que le nodule était bénin, les paramètres sanguins le confirmaient, le nodule ne grossissait pas. Toutefois ce nodule était susceptible de « virer », de grossir. Il avait déjà une taille conséquente.
Après mûre réflexion, ma décision a été d’opter pour la chirurgie. Je préférais perdre la moitié de ma thyroïde, que de prendre le risque de la perdre plus tard complètement. Et puis ce nodule me gênait, obsédait toutes mes pensées. Il fallait conclure. Mais comment, avec qui ? J’avais entendu, d’une oreille distraite, parler de la chirurgie sous hypnose. Cela se faisait à Liège. J’étais prête à faire le voyage. Puis, j’ai appris que l’on pratiquait aussi l’hypnose à Bruxelles avec un chirurgien qui avait déjà démontré sa dextérité.
Je me rends donc à la consultation de chirurgie. Là, j’ai eu l’agréable surprise de parler à un chirurgien qui estime que le dialogue est important, que prendre le temps de parler avec son patient est primordial pour le bon déroulement de la chirurgie.
Après examen médical et rédaction de mon anamnèse, il m’a expliqué, en détail, la chirurgie par voie vidéo assistée et l’hypnosédation, avec la possibilité de changer d’avis à la dernière minute s’il le fallait. Il avait répondu à mes questions avant même que je n’ai pu les lui poser. Je suis ressortie de cette consultation rassurée. J’étais en de bonnes mains. Il m’inspirait confiance, professionnalisme, tout ce dont j’avais besoin pour me laisser opérer par cet homme affable.
Ma consultation avec l’anesthésiste a été tout aussi agréable. J’ai d’abord vu dans un premier temps un anesthésiste qui m’a interrogée sur mon passé médical, a pris mes paramètres. Ensuite il a appelé l’anesthésiste qui allait s’occuper de l’hypnose. Une charmante jeune femme est arrivée, s’est présentée, puis m’a expliqué, en détail, le déroulement de l’hypnose. J’étais déjà transportée par sa voix, son calme, sa douceur. J’ai bien aimé lorsqu’elle m’a dit, « prenez cette journée pour vous, détendez-vous ». J’avais quasi l’impression d’avoir pris un rendez-vous dans un centre de thalasso zen. En sortant de l’hôpital, j’étais presque impatiente de me faire opérer tant la curiosité me titillait. C’était sans compter sur mon esprit analytique qui allait encore chauffer durant ces trois semaines à se poser bon nombre de questions en tous genres. Une obsession me taraudait régulièrement et si je bougeais ? Comment ne pas déglutir durant une heure et demie ? Que se passerait-il si je déglutis juste au moment où le chirurgien incise le lobe ? Bref, je ne vous décris pas tous les méandres de mon esprit fertile en anticipation ! Il fallait que je me calme. Paradoxalement, je n’avais pas peur de l’opération, j’avais surtout peur de bouger. Les jours s’égrenant inexorablement vers le jour j, mon esprit s’affolait. La nuit précédant le jour J, je n’ai pratiquement pas dormi.
Un ami fidèle, vint me chercher à 6h du mat et nous voilà partis vers l’hôpital. Nous avons parlé musique durant le trajet, cela m’a distrait l’esprit. Mais dès que la façade de l’hôpital m’est apparue, j’ai ressenti un gros nœud dans mes intestins. Arrivée à l’accueil, le nœud était parti. Mon processus, je-vis-donc-j’agis était en route. A peine arrivée à l’étage, une infirmière me saute dessus. « Vite » », dit elle, « on vous attend en salle d’op ! » En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, on m’a introduit un médoc dans la bouche, je me suis retrouvée emballée dans une jolie robe bleue, allongée sur mon lit et transportée par deux géants direction salle d’op. Autant vous dire que j’avais 17 de tension ! Arrivée en bas, je me retrouve dans une salle « dispatching », devant la porte de « ma » salle d’op.
Seule, je profite de cet instant de répit pour me détendre et ferme les yeux. Arrive ma sympathique anesthésiste. Elle arborait un chapeau très coloré, j’ai trouvé cela fun. Moi j’avais une sorte de charlotte sur la tête. Je lui fais part de mes angoisses de déglutition et celles de bouger durant l’intervention. De sa voix douce et calme elle m’explique, le sourire aux lèvres, que le chirurgien a l’habitude et gère la situation. Cela avait suffit à me rassurer. J’avais une totale confiance vis-à-vis d’elle et du chirurgien ! Elle m’explique à nouveau tout le processus de l’hypnose. C'est donc pleinement confiante que je suis emmenée en salle d’op. Les infirmières m’accueillent chaleureusement. L'anesthésiste me décrit et me montre les appareils, téléphones, portes, tout ce qui pourra faire du bruit durant l’opération. Pendant ce temps les infirmières me préparent pour l’intervention, électrodes d’ECG, oxymètre au doigt, etc. Les paroles sont douces, les gestes sont lents. Il y règne une atmosphère très calme. Je ressens une légère douleur à la main gauche, c’est la perfusion. Avec beaucoup de prévenance on m’installe sous les jambes et les bras des coussins, une couverture pour ne pas avoir froid. Un autre coussin sous la nuque. Là je me suis dit, mes pauvres cervicales elles vont déguster. J’étais aux petits soins. Manquait plus que le cocktail.
L'anesthésiste m’informe qu’elle va me placer un masque à oxygène sur mon visage ; un air froid pénètre dans mes poumons et me rassure. Installée confortablement, la séance de relaxation a commencé. J’ai vaguement aperçu à ma droite le buste du chirurgien, puis j’ai fermé les yeux et me suis concentrée sur ce que disait l’anesthésiste et déjà les bruits ambiants semblaient lointains. Elle m’explique qu’on va installer l’arceau qui soutient le champ opératoire, mais je n’ai rien perçu. J’ai senti qu’on désinfectait mon cou et je me suis dit, sans angoisse, « c’est parti ». Mes pensées étaient déjà sur les falaises de la côte d’Opale en compagnie de ma petite chienne. J'ai eu le sentiment d'être par moments attentive aux suggestions émises et je me concentrais sur les images ; d'autres moments me faisaient penser à un état "distrait", comme si j'étais ailleurs ou endormie, je ne sais pas trop. Cela ressemble aux souvenirs succincts d’un rêve dont on se souvient quand on se réveille. De temps à autre un petit chuchotement venait tinter à mes oreilles, mais je n’en percevais pas le sens réel. Une pression plus appuyée sur la trachée, pas très agréable, m’a distraite de mes pensées. Il y a eu un petit passage douloureux tout à fait supportable, vite réglé; puis plus aucun mouvement, l'attente du résultat de l'extemporanée, puis à nouveau quelques sensations au niveau du cou et les paroles rassurantes de l’anesthésiste qui m’ont fait comprendre que je gardais une aile de mon papillon. Enfin, le soulagement de la fin, où paraît-il j'ai eu un grand sourire. J’ai prononcé deux, trois mots. Mes cordes vocales allaient encore pouvoir vibrer à la chorale. Déjà, je recommençais à élaborer des projets.
Du début jusqu’à la fin, j’ai gardé la sensation agréable d’être confortablement installée dans un transat, mon corps hyper détendu. Je n’ai pas eu l’impression que cela avait duré une heure et demie. Agitation de fin d’intervention dans la salle d’op, puis sortie vers la salle de réveil, où l’accueil était tout aussi chaleureux. J’y suis restée deux heures conformément aux indications du chirurgien. J’en ai profité pour me relaxer. On occulte souvent le rôle important de la salle de réveil, et du travail difficile des infirmières, parce qu’on ne s’en souvient que très rarement. L’anesthésiste est venue me voir en salle de réveil pour s’assurer que tout allait bien et recueillir mes premières impressions.
Un brancardier est venu me chercher pour me reconduire dans ma chambre. Dans ma tête j’étais en super forme. Mon corps lui était fatigué, j’avais les jambes en coton. Chaque fois que je faisais quelque chose, marcher, aller au toilette, je devais ensuite m’allonger pour « récupérer ». J’ai pu manger quelques tartines le soir même. Cela m’a semblé divin.
La douleur à la déglutition est tout à fait supportable, par contre mes pauvres cervicales ont souffert et ont été accompagnées de quelques céphalées pas copines du tout.
La visite post opératoire a lieu 10 jours après l’intervention. A cette occasion, les fils ont été enlevés, j’ai ainsi découvert une fine cicatrice de 2,5 cm et le résultat définitif de l’examen au microscope m’a été transmis.
Voilà je voulais vous faire part de cette "première" hypnose chirurgicale qui pour moi fut une belle expérience sensorielle et émotionnelle.
Pour info : http://www.chirurgie-saintluc.be/do.....ient%20thyroidectomie.pdf |
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Nafnaf
Inscrit le: 24.05.11 Messages: 27 |
Message: (p291963)
Posté le: 23. Juin 2011, 22:59
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Bonjour Aurore,
Merci pour ton message.
C'est amusant, moi qui éternue facilement, je n'ai jamais pensé un seul instant que je pouvais éternuer durant l'intervention. Ma seule préoccupation était surtout ne pas bouger ou déglutir.
Pour répondre à tes interrogations concernant la douleur, étant donné qu'il y avait une anesthésie locale, je n'ai rien ressenti à l'exception d'un petit pincement plus aigu vers la fin. Dans ce cas, au moindre signe du patient (froncement des sourcils ou autre) l’anesthésiste prévient le chirurgien qui intervient immédiatement.
L’hypnosédation combine à la fois la technique d’hypnose, une petite sédation intraveineuse consciente et l’anesthésie locale.
Les médicaments donnés en intraveineuse servent à réduire le stress, l’anxiété et aussi à diminuer la douleur. Toutefois, les doses sont faibles. On reste conscient et on se trouve dans une situation très confortable. On est simplement plongé dans un rêve éveillé, tout en percevant les bruits liés à l’intervention. L’esprit est ailleurs, focalisé sur autre chose…
Voici un lien vers un article, en pdf, paru en 2006, qui explique bien l’hypnosédation, pages 12 et 13.
http://www.omnimut.be/cms/Mut506/Pa.....ns/Profil/Profil96Tou.pdf
Je confirme que la confiance est primordiale. En ce qui me concerne elle était totale tant pour l'anesthésiste que pour le chirurgien. |
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